En lançant le Club Cedeao-Ucad, dans le cadre du cinquantenaire de l’institution cette année, les étudiants ne veulent plus subir les évènements, mais aspirent à agir pour faire de l’intégration régionale une réalité.
Dans un amphithéâtre vibrant aux couleurs de l’unité africaine, les étudiants de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) ont tenu à marquer de leur empreinte le cinquantenaire de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Ils ont lancé officiellement, samedi 21 juin, le Club Cedeao-Ucad. Ces jeunes sont conscients de leur rôle dans le renforcement de l’intégration et leur activité s’inscrit dans une volonté de donner un nouveau souffle à celle-ci, dans une région marquée par des crises multiformes. Placée sur le thème : « Intégration, paix et développement : la jeunesse universitaire au cœur de la vision 2050 de la Cedeao », l’initiative a été saluée.
Téning Cissé, présidente du Club Cedeao-Ucad, a précisé qu’il s’agit de donner une existence officielle à leur structure active depuis août dernier, soulignant que l’objectif est d’installer des clubs dans chaque université publique afin de faire des campus des foyers d’engagement régional. Elle a soutenu que « ces clubs ne sont pas de simples espaces de discussion, mais des lieux de propositions concrètes pour faire passer la Cedeao des États à celle des peuples ».
Former, unir, sécuriser : des pistes pour une Cedeao forte Mamadou Philippe Diatta, chargé des relations extérieures, abonde dans le même sens. Il rappelle que la vision 2050, mise sur une inclusion sociale réelle, implique jeunes, femmes et enfants. « Il ne s’agit pas seulement de saluer nos engagements, a-t-il dit, mais de nous accompagner techniquement et financièrement ». Président du Centre de recherche et d’études pour le développement en Afrique (Creda), Aliou Badara Sy, parrain de la cérémonie, a apporté un regard plus structurel. Il a rappelé que les grandes puissances, telles que les États-Unis ou l’Union européenne, doivent leur force à l’intégration.
M. Sy a affirmé qu’un organe d’information et de communication panafricain serait essentiel pour renforcer la connaissance mutuelle entre peuples ouest-africains. Il a insisté sur la nécessité d’une intégration militaire à travers des assises régionales de la sécurité. Le président du Creda a toutefois regretté que l’Afrique soit « un continent riche par sa population et ses potentialités, mais pauvre en initiatives ». La solution, à ses yeux, c’est une formation professionnelle de masse et une valorisation du potentiel agricole, halieutique et minier de la sous-région.
Il a dès lors, appelé les universités, les organisations non gouvernementales et les centres de recherche à soutenir les étudiants dans leur engagement. « On ne pilote pas un projet avec seulement des idées, il faut aussi des moyens », a insisté Alioune Badara Sy en mettant en garde contre une foi excessive dans les projections lointaines. « Il ne faut pas seulement rêver de 2050, il faut construire, dès aujourd’hui, une intégration des peuples, car les politiques ne sont pas toujours le reflet des aspirations profondes », a-t-il assuré.
Daouda DIOUF