Le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation a fait face à la presse pour faire le point sur la situation des universités, suite aux violences constatées ces derniers jours. Abdourahmane Diouf est revenu sur la crise que traversent les universités, qualifiant cette situation de « crise non majeure » pour le MESRI. Selon lui, elle est due à un déficit budgétaire. Un budget de 300 milliards, qui ne couvre pas la totalité de l’année, occasionne ainsi un gap de trois mois estimé à 30 milliards.
« L’argent que nous avons commencé à utiliser à la fin du mois de septembre était prévu pour le mois de décembre. Nous avons un gap de trois mois au niveau du ministère, dans toutes les universités, les rectorats et les directions des Crous, et cela avait été budgétisé à hauteur de 30 milliards. J’avais dit à l’époque qu’en plus de ces 30 milliards nécessaires pour couvrir les salaires des trois derniers mois de l’année, l’Enseignement supérieur, la Recherche et l’Innovation avaient besoin de 120 milliards, soit un total de 150 milliards pour résoudre les problèmes urgents de l’enseignement supérieur. Nous savions dès le début de l’année que nous rencontrerions des difficultés après neuf mois », a déclaré Abdourahmane Diouf.
L’autre point soulevé par le ministre concerne la stabilisation du calendrier universitaire. Il indique qu’un consensus avait été trouvé pour aller progressivement vers cette stabilisation, avec des propositions pour le recrutement de 1500 enseignants-chercheurs et la construction d’infrastructures. Ce travail a déjà commencé, selon lui, avec l’orientation des nouveaux bacheliers, deux mois après l’obtention de leur diplôme.
« Le calendrier que nous avons proposé à Saly consiste à dire que nous ne pouvons pas stabiliser l’année académique en une seule année. Nous avons tout étalé sur 16 mois, avec l’objectif qu’au troisième lundi d’octobre 2025, toutes les universités sénégalaises démarrent les cours le même jour. Les deux conditions étaient donc l’orientation précoce des nouveaux bacheliers et les infrastructures. Nous avons eu la lucidité de dire que, pour cette transition, la rentrée s’étendra d’octobre à mars », a expliqué M. Diouf.
Le ministre s’est dit surpris par les violences observées à l’Université de Ziguinchor, qu’il attribue à un problème d’interprétation, car le délai de libération des infrastructures n’est pas encore épuisé. Reprenant la décision de la fermeture de l’Université Assane Seck de Ziguinchor, il a précisé qu’il s’agissait d’une décision du conseil académique qu’il soutient, afin d’éviter un débordement des manifestations qui pourrait entraîner des pertes en vies humaines. Cependant, il a assuré qu’une réunion du conseil académique se tiendrait le 12 décembre prochain pour statuer sur la situation.
Dans son face-à-face avec la presse, Abdourahmane Diouf est également revenu sur ce qui est appelé le décret du « Saes », signé par l’ancien régime. Le ministre a souligné que, bien qu’ils soient en accord avec le contenu du décret, celui-ci a été perdu par l’ancien régime, dégageant ainsi la responsabilité de l’État. Il a assuré que des démarches sont en cours pour résoudre ce problème.
Après le ministre, les autorités de l’enseignement supérieur, notamment le directeur des bourses, se sont exprimées. Il a été annoncé que plus de 99 milliards de bourses bancarisées pour l’année 2023-2024 ont été payées. Il a également été fait appel à la rationalisation des bourses, dont le montant global s’élève à plus de 116 milliards. À cela s’ajoute la dette de l’État envers les repreneurs universitaires et les journées sans tickets, qui font perdre aux Crous 23 millions par an.
Jeanne SAGNA (Correspondante)