C’est une page qui se tourne pour des milliers d’enseignants sénégalais. Après des décennies d’attente, les enseignants décisionnaires verront enfin leur statut aligné sur celui des fonctionnaires, mettant un terme à une inégalité qui aura marqué plusieurs générations du corps enseignant.
Le président Bassirou Diomaye Faye concrétise ainsi une promesse longtemps espérée : réparer une injustice que ni les gouvernements précédents ni les multiples concertations sociales n’avaient su résoudre.
Le ministre de l’Éducation nationale, Moustapha Guirassy, a confirmé l’engagement du gouvernement à régulariser définitivement la situation des décisionnaires au plus tard le 30 janvier 2026. « Pour les enseignants décisionnaires, la directive a été très claire : nous allons vider cette affaire avant le 30 janvier 2026 », a-t-il déclaré lors de la conférence de presse du gouvernement.
Une inégalité enfin réparée
Les mouvements syndicaux de l’éducation comme le G7 et le SELS devraient accueillir favorablement cette annonce qui met fin à une inégalité historique. Longtemps réclamée par les acteurs du secteur, cette mesure vient répondre à une revendication portée depuis des décennies par les enseignants décisionnaires. Elle ouvre la voie à une reconnaissance pleine et entière de leur statut au sein de la fonction publique, après des années de précarité et de frustrations accumulées.
Cette décision, saluée comme un geste fort de justice sociale, contribuera sans nul doute à consolider le pacte social entre le gouvernement et les centrales syndicales. Elle traduit également la volonté du président Bassirou Diomaye Faye et de son gouvernement de renforcer la cohésion dans le monde éducatif, en réglant un différend que les régimes précédents avaient laissé en suspens.
Une réparation attendue depuis l’ère Senghor
Cette inégalité trouve ses origines dans des dispositions datant de l’époque du président Léopold Sédar Senghor, qui avait institué deux catégories d’enseignants : les titulaires et les décisionnaires. Ces derniers, souvent affectés dans les zones rurales et les régions les plus difficiles, étaient pourtant privés de nombreux avantages statutaires et même de pensions équivalentes à celles de leurs collègues fonctionnaires.
Un décret en cours de finalisation viendra bientôt officialiser leur reclassement. Toutefois, le collectif des décisionnaires appelle à une application rétroactive de la mesure afin d’inclure les enseignants toujours en activité et de réévaluer les pensions des retraités concernés.
Cette décision du gouvernement d’Ousmane Sonko marque une rupture claire avec le passé et ouvre une ère d’équité sociale dans le secteur de l’éducation. Pour de nombreux enseignants, c’est bien plus qu’un décret administratif : c’est la reconnaissance d’un engagement de toute une vie au service de la nation.
Par Cheikh Gora DIOP