La 20ᵉ édition du Séminaire du Groupe interafricain de recherche en analyse, géométrie et applications (Giraga) s’est ouverte, le mercredi 26 novembre, à l’Ucad. Mathématiciens, doctorants et responsables académiques, venus de dix pays africains, discutent des avancées contemporaines dans ces disciplines. Ils en ont profité pour déplorer le nombre de bacheliers scientifiques au Sénégal.
L’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) abrite, du 26 au 28 novembre 2025, la 20e édition du Séminaire du Groupe interafricain de recherche en analyse, géométrie et applications (Giraga). Cette rencontre réunit des mathématiciens du Bénin, du Burkina Faso, du Burundi, du Cameroun, de la Guinée, de la République démocratique du Congo (Rdc), du Rwanda et du Sénégal. Elle témoigne de la vitalité de ce réseau scientifique dont l’histoire remonte à plus de quarante ans. En accueillant le Giraga 2025, l’Ucad et ses partenaires réaffirment leur engagement en faveur d’une recherche- mathématique africaine ambitieuse, collaborative et tournée vers l’avenir.
« Le Giraga n’est pas seulement un séminaire, c’est une communauté et une ambition collective », a estimé le Pr Bacary Manga, enseignant-chercheur à la Faculté des sciences et techniques de l’Ucad et président du comité d’organisation. Depuis sa création en 1983, le Giraga, a-t-il indiqué, est devenu un espace incontournable pour la recherche mathématique africaine.
Pour le Pr Manga, ce séminaire demeure un repère essentiel. « Quatre décennies après ses débuts, le Giraga reste un pilier de la formation des jeunes chercheurs africains, un instrument efficace de lutte contre l’isolement académique et un moteur pour construire des réseaux inter-universitaires », a-t-il souligné. Cette 20e édition, a-t-il poursuivi, « s’inscrit dans la continuité de cet héritage tout en s’ouvrant aux défis contemporains comme l’intelligence artificielle, la modélisation, la géométrie moderne et l’analyse avancée ».
Le Pr Diaraf Seck, secrétaire général de l’Union africaine de mathématiques et membre de l’Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal (Ansts), a saisi l’occasion pour alerter sur la baisse du nombre de bacheliers scientifiques au Sénégal.
Renforcer la formation à la base
« Le pourcentage de bacheliers scientifiques est tombé à moins de 20 %. C’est un problème majeur », a-t-il fait savoir. Pour lui, la réponse à cette équation ne doit pas se limiter à augmenter seulement les effectifs dans les filières scientifiques. « Il ne s’agit pas d’agrandir systématiquement le dénominateur, mais d’assurer une formation de base solide et d’accompagner les jeunes. Ils ont énormément de potentiel et nous devons créer l’intérêt qui leur permettra de réussir », a affirmé le Pr Seck. Il a également invité à inspecter les curricula pour identifier les blocages et améliorer l’enseignement.
Dans la même lancée, le Pr Idrissa Ly, vice-recteur de l’Ucad, a tenu à souligner la responsabilité des universités africaines. « Nous affirmons notre volonté collective de renforcer la recherche fondamentale et appliquée, de soutenir l’innovation et de faire de nos universités de véritables acteurs du développement scientifique », a-t-il affirmé. Il a aussi exhorté à rééquilibrer les partenariats universitaires. « Nos collaborations restent encore trop orientées vers le Nord. Il faut créer davantage d’opportunités de coopération sud-sud, pour des échanges plus fluides et adaptés à nos réalités », a-t-il préconisé.
Représentante de l’Afrique de l’Est à la rencontre, le Pr Ménédore Karymumuryango a encouragé les membres du réseau à poursuivre leur engagement et à faire en sorte que le Giraga contribue à renforcer la communauté mathématique africaine pour servir le continent et le monde.
Daouda DIOUF

