Fermé officiellement le dimanche 10 août, le campus social de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar a déjà changé de visage. Ses pavillons perdent peu à peu leur ambiance habituelle avec le départ de leurs pensionnaires partagés entre la joie de retrouver les parents et la nostalgie des lieux.
Sacs en main, valises à roulettes, sachets plastiques gonflés à bloc. Ce dimanche 10 août, le ballet des départs bat son plein au campus social de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). Comme annoncé par le Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud), c’est l’instant de la fermeture temporaire des lieux. Dans les allées bordées de jardins verdoyants, les silhouettes se suivent, traînant derrière elles le bruit des valises qui se frottent sur les pavés. Les éclats de rire sont par moment mêlés aux poignées de main. C’est l’heure des adieux dans ce lieu qui ne désemplit presque jamais.
Habitué à une effervescence quasi permanente, le campus de l’Ucad va renouer avec le calme, le temps des vacances. Devant le grand portail, des étudiants défilent par petits groupes, certains en silence, d’autres en plaisantant pour masquer la nostalgie. Les taxis jaunes et noirs s’alignent à l’entrée, prêts à charger les bagages qui s’entassent. Mame Diarra Lô, mine souriante et voile soigneusement ajusté, peine à transporter ses affaires. Elle ralentit le pas pour mieux équilibrer ses sacs. « Le déménagement est très difficile, surtout pour nous les filles. On a trop de bagages », lance-t-elle dans un mélange d’humour et de lassitude. Non loin de là, Ameth Lô, étudiant en Droit, organise son départ en compagnie de ses camarades. Ils doivent se rendre ensemble à Saint-Louis, leur ville natale.
L’étudiant et ses camarades ont choisi cette manière de voyager pour réduire les coûts et éviter certaines difficultés. « C’est plus simple pour tout le monde », précise-t-il. Dans le pavillon V, Cheikh Oumar prend le temps de servir le thé, comme pour prolonger l’instant. Lui n’habite pas si loin. Il peut rejoindre Mbour, sa ville natale à tout instant. Il se dit pressé de retrouver ses parents. Autour de lui, ses camarades emballent leurs affaires dans un vacarme. Le doyen de la chambre, Adama Sall, l’allure imposante, se résigne à abandonner quelques habits. « Il faut que je laisse certaines affaires inutiles sur place, car j’ai déjà trop de bagages », a-t-il indiqué.
Les vacances universitaires sont diversement mises à profit par les étudiants. Si pour certains étudiants, elles sont une parenthèse pour se reposer, pour d’autres, elles riment avec travail et opportunités. Fatima Bâ, étudiante en mathématiques-physique-informatique, rejoindra la plage de Soumbédioune pour aider sa tante dans son petit commerce. Elle explique qu’elle l’assiste déjà les week-ends, mais que cette fois, elle compte en profiter pour économiser davantage. « Ça va être fatigant, mais au moins je gagnerai un peu d’argent », dit-elle. Des vacances pas toujours de tout repos Oumou Khayri Sall, étudiante en biologie, a choisi un chemin différent. Un cabinet l’a déjà contactée pour un stage. « Je commence demain.
C’est une occasion de mettre en pratique ce qu’on a appris dans les amphithéâtres », affirme-t-elle. Certains, comme Alioune Diop, redoutent le vide laissé derrière. Il se dit déjà nostalgique de l’ambiance dans les chambres ainsi que la vie collective, l’entraide au campus. Il évoque, avec émotion, les discussions autour du thé, les débats enflammés sur le droit ou la politique. « Ça va laisser un grand vide. Mais je vais en profiter pour revoir mes cours et lire des articles. Il faut rester actif malgré cette pause », a-t-il fait savoir. Un avis qu’il partage avec son camarade de Fac, Maguette Nam. « Les demandes de tickets entre amis, les petites discussions dans le couloir, ça, ça va vraiment me manquer », confie-t-il.
Le départ des étudiants ne laisse pas seulement un vide au campus. Il a aussi un impact économique. Boubacar Diallo, boutiquier, déplore déjà une chute concernant son business. « Quand les étudiants sont là, tout marche. Maintenant, je vais devoir trouver autre chose à faire en attendant leur retour », explique-t-il. En attendant la rentrée, le campus social, habituellement plein de vie, restera figé dans une torpeur temporaire. Ses pavillons, ses allées ombragées et ses commerces attendront patiemment le retour de ceux qui en font battre le cœur.
Et lorsque les étudiants reviendront, chargés de nouvelles histoires et de projets, la grande mécanique de la vie estudiantine reprendra avec ses rires, ses débats …
Daouda Diouf