Aux confins du département de Bignona, le long des sentiers sinueux traversant forêts et anciennes zones militaires, deux villages en pleine reconstruction partagent une quête essentielle : l’école pour leurs enfants. Au terme d’un périple éprouvant, l’Agence nationale pour la relance des activités économiques et sociales en Casamance (Anrac) et ses partenaires se sont engagés à construire les établissements scolaires.
BIGNONA- Jeudi 30 octobre. Il est 9 h 23 mn, à Ziguinchor lorsque la caravane de l’Agence nationale pour la relance des activités économiques et sociales en Casamance (Anrac) quitte la gouvernance. Sous escorte de la gendarmerie, les véhicules s’élancent vers Djinéa Djilacounda, village niché à l’extrémité de la commune de Djibidione, à quelques pas de la frontière gambienne. Très vite, le bitume cède la place à des pistes, puis des sentiers sinueux qui s’enfoncent dans la dense forêt du Nord Sindian. Le voyage est long. Trop long. À Sindian, près du cantonnement militaire abritant parachutistes et commandos, le convoi marque une pause. L’escorte passe le relais à l’armée. Mais finalement, les gendarmes assurent la sécurité jusqu’au bout de la mission dans une zone où la paix est encore fragile. Sur le trajet, le convoi se perd parfois, la piste disparaît, puis réapparaît. Le convoi dépasse des hameaux et plusieurs positions militaires, dont Komboli et Madiédiame. Djinéa Djilacounda apparaît enfin. Les populations sont là, le sourire franc, comme si cette arrivée rompait avec des années d’isolement. Ici, la guerre a longtemps confisqué la vie. Les familles sont revenues. Mais, tout manque dans le village. « Nous n’avons plus d’école. Nos enfants étudient en Gambie ou dans les villages voisins. Depuis 2022, nous sommes un village sans école élémentaire. Et cela, nous ne pouvons plus l’accepter », a fait savoir le chef de village, Souleymane Niass. Djinéa est la première étape d’une tournée consacrée aux villages réinstallés dans le déploiement du Plan Diomaye pour la Casamance (Pdc). Avec son partenaire, la Fondation Holland, l’Anrac veut offrir un minimum à ces familles qui reconstruisent leur existence, pierre après pierre. Le directeur général de l’Anrac, Iba Sané, annonce la bonne nouvelle.
Entre promesse et urgence
« Une école de six salles de classe, un bloc administratif, un point d’eau, un mur de clôture, des sanitaires, entre autres, sera construite. Tout sera fait pour que les enfants étudient ici. L’école doit être un fleuron de ce renouveau », annonce-t-il.
Quittant Djinéa, le convoi repart en direction de Nialé. Alors que le soleil commence à décliner, l’espoir des habitants, lui, est grandissant. Sur place, le Collège d’enseignement moyen (Cem) -dont la moitié des locaux reste sous abris provisoires- tient bon. Son principal, Atab Badji, symbolise la fierté d’une école modèle, malgré le dénuement. « Depuis quatre ans, nous faisons 100 % au Bfem, même si les conditions sont difficiles. Mais nous nous battrons toujours pour offrir une éducation de qualité », affirme-t-il. La Fondation Holland va financer l’extension de l’établissement. Six nouvelles salles, des panneaux solaires, un logement pour les enseignants et l’administration ainsi que des latrines seront construits. Des efforts pour consolider les bases d’un avenir stable. La directrice de la Fondation Holland, Henriette Sonko, rappelle l’essentiel. « Nous construirons ces écoles. Et l’État y affectera des enseignants. Ces enfants doivent sentir qu’ils comptent pour la nation », dit-elle sous les applaudissements du public enthousiaste, essentiellement composé d’élèves. Le maire de Djibidionne, Lamine Kabirou Diémé abonde dans le même sens. « Bâtir des écoles, c’est essentiel. Mais, il faut aussi que les enfants reviennent vivre et apprendre dans leurs villages. Ainsi, la vie reprendra ici », a-t-il affirmé. Au bout de ces pistes rudes, loin du bitume et de l’agitation des villes, des villages reprennent le souffle de la vie.
Gaustin DIATTA (Correspondant)

