Loin de l’effervescence du premier tour, le second groupe du baccalauréat s’est déroulé dans une atmosphère calme et presque silencieuse dans plusieurs centres d’examen de Dakar. Si la digitalisation a modernisé le processus, elle a aussi transformé l’ambiance festive et nerveuse qui prévalait jadis lors de la proclamation des résultats.
Fini les cris de joie, les larmes de déception, les accolades ou les scènes de tension devant les jurys. Le second tour du Bac s’est déroulé dans une indifférence quasi générale.
Autrefois, la proclamation des résultats rassemblait parents, voisins, amis et autres curieux dans les centres. Aujourd’hui, les candidats viennent seuls ou presque pas, dans un calme pesant, consulter des listes affichées sur des panneaux désertés.
C’est le cas au lycée Blaise Diagne où l’ambiance d’antan a disparu. Le personnel administratif mobilisé pour le baccalauréat s’est fait rare. Un seul agent assure la permanence et un simple tableau d’affichage remplace l’agitation habituelle. Les bâtiments, jadis pris d’assaut, sont presque vides. Pourtant, les résultats sont encourageants ici. Pour le jury 1173, en série S2, 30 candidats sont admis sur 32, 22 sur 28 en L1, et 47 sur 54 en L2.
Même constat au lycée Amadou Hampâté Bâ où seul le personnel permanent de l’université est visible. Les résultats du second tour sont affichés sobrement au premier étage. Pour le jury 1181, en série L1, on compte 66 candidats admis, en L2, 117 ont réussi le second tour.
Le contraste entre la réussite individuelle et l’ambiance morose dans les centres trouve une explication dans la digitalisation progressive du processus. Aujourd’hui, les résultats peuvent être consultés à distance, parfois même reçus automatiquement sur téléphone. Une avancée technologique qui assure rapidité et transparence, mais qui a ôté au Bac une part de l’ambiance qui entourait cet examen dans les centres. « La digitalisation a enlevé au Bac son charme d’antan. Mais le changement finit toujours par s’imposer », constate Vieux Gaye, venu accompagner son fils pour la récupération de son relevé de notes.
Dans les centres visités, la célérité et l’efficacité du processus ont été saluées.
Seuls quelques candidats trainent encore dans les centres. Awa Bâ, candidate en L2 venue récupérer son relevé de notes, a dû rebrousser chemin. « Vous voyez, c’est mentionné que les relevés seront disponibles à partir de lundi », lui indique le gardien. Elle savoure l’obtention de son Bac. « J’avais trop de pression, heureusement que je l’ai eu. Je suis enfin soulagée », lance-t-elle, tout sourire. Pour son orientation universitaire, elle préfère prendre le temps de la réflexion avec sa famille, même si elle avoue un penchant marqué pour la comptabilité et la gestion. « Je veux être sûre de faire le bon choix », ajoute-t-elle.
Dans ce centre, les chiffres parcourus témoignent d’un taux de réussite encourageant. Au jury 1180, 109 élèves en L2 (Sciences sociales et humaines) sont admis, et 22 en L1. Le jury 1179, dédié aux Langues et civilisations modernes enregistre 37 admis, tandis que 74 autres candidats ont réussi leur second tour en L2. En série S2, seuls 8 candidats ont décroché le diplôme.
Au lycée Kennedy, le calme règne en maître. Quelques élèves en classe de 3e révisent à l’ombre. L’atmosphère est loin de refléter l’enjeu. Les résultats sont simplement affichés sur les murs. Le jury 1174, série L2 (Sciences sociales et humaines), enregistre 94 admis sur 107 candidats admissibles au second tour. Parmi eux, Fatou Ndiaye devra patienter jusqu’à lundi pour récupérer son relevé de notes. « Je vais faire de la sociologie. Je me suis bien renseignée sur la formation et les débouchés », affirme-t-elle. « On a souvent tendance à négliger les sciences humaines, mais moi, je veux comprendre la société et agir pour la changer », explique-t-elle avec conviction. Avant cela, elle compte profiter pleinement de ses vacances pour évacuer le stress accumulé.
Le jury 1175 a obtenu 107 admis sur 110 candidats. Parmi les nouveaux bacheliers, figure Astou Guèye. Elle ne cache pas sa satisfaction. « Je n’avais que 25 points à rattraper. Et finalement, je suis parvenue à les obtenir », raconte-t-elle. Malgré un Bac littéraire en sciences humaines et sociales, Astou souhaite poursuivre des études en informatique et réseau. « C’est l’avenir, et je veux apprendre à maîtriser les outils du numérique », précise-t-elle.
Daouda DIOUF