Dans le domaine de l’énergie, l’Université Mohammed VI polytechnique (Um6p) incarne une vision africaine de la recherche tournée vers l’innovation. Lors d’une visite, dans le campus basé à Ben Guerir, ville située dans la région de Marrakech, des experts ont indiqué que le Sénégal présente des atouts pour réussir sa transition énergétique.
BEN GUERIR – Au campus de l’Université Mohammed VI polytechnique (Um6p), l’innovation industrielle et agro-écologique est au cours des préoccupations. Hier, vendredi 12 décembre 2025, les laboratoires s’étendent comme une chaîne cohérente qui va de la microbiologie à la nanotechnologie ou encore la chimie des matériaux. Un modèle que le Sénégal pourrait regarder de près au moment où il cherche à renforcer son système scientifique et à réussir sa transition énergétique.
Cette orientation technologique ouvre des perspectives directes pour les pays africains. « Des pays comme le Sénégal peuvent réussir leur transition énergétique. Il faut valoriser les ressources existantes, exploiter le contexte de chaque pays et investir dans la recherche et l’infrastructure », a expliqué Fouad Ghamouss, professeur au département « Material sciences and nanotechnology ». La transition énergétique est le passage d’un système énergétique basé sur les énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz) vers un mix énergétique durable, privilégiant les énergies renouvelables (solaire, éolien, hydraulique).
Le Sénégal, au moment où il démarre l’exploitation de son gaz naturel, doit, selon Fouad Ghamouss, adopter une approche intelligente. « C’est une bonne nouvelle pour réduire le coût de l’énergie, mais il faut intégrer des technologies de capture et de réutilisation du Co2 », a-t-il conseillé.
À l’en croire, la transition énergétique ne peut être envisagée sans un effort stratégique dans l’éducation, la recherche et l’innovation.
Pour Mohamed Ouaaraus, ingénieur-chercheur en entomologie, la force de l’Um6p tient avant tout à l’intégration de la recherche aux besoins réels de l’énergie et des autres secteurs comme l’agriculture. « Nous avons montré tout ce qu’on fait en termes de recherche, de champs expérimentaux et de solutions pratiques. De la microbiologie aux micro-algues, jusqu’à la qualité nutritionnelle, tout est pensé pour répondre aux besoins du secteur agricole face aux changements climatiques », a-t-il souligné.
Cette architecture scientifique permet de développer des innovations directement transférables dans les autres pays. L’ambition est de réduire l’usage de produits chimiques, de lutter contre la pollution ou d’améliorer la fertilité des sols grâce à des intrants organiques. « L’importance, c’est d’exploiter ces laboratoires pour avancer et sortir avec des solutions pour l’agriculteur », a noté M. Ouaaraus.
Cet écosystème intégré résonne particulièrement avec les défis du Sénégal, où la souveraineté alimentaire et la durabilité des sols restent des enjeux majeurs.
Babacar Gueye DIOP (envoyé spécial)

