Créé en 2015, le lycée de Khossanto, situé dans la région de Kédougou, est, aujourd’hui, considéré comme un modèle en maintien des filles à l’école. Grâce à l’appui de Plan International, notamment à travers des initiatives comme la construction de toilettes séparées et la mise en place d’un coin d’écoute, les élèves filles parviennent, non seulement à achever leur cycle scolaire, mais aussi à réaliser de belles performances académiques.
Située dans le département de Saraya, la commune de Khossanto dispose d’un lycée depuis 2015. L’établissement accueille, aujourd’hui, près de 600 élèves, dont 198 filles. Comme dans de nombreux établissements de la région de Kédougou, le lycée de Khossanto a longtemps été confronté à un problème majeur : le maintien des filles à l’école. Mais la situation a connu une nette amélioration grâce à l’intervention de Plan International, en partenariat avec le Centre académique de l’orientation scolaire et professionnelle. Le projet intitulé « Girl Engage » (Les filles s’engagent) a permis d’améliorer considérablement l’environnement scolaire et de renforcer la scolarisation des filles. Parmi les initiatives phares mises en œuvre figurent la construction de toilettes séparées filles/garçons, la création de coins d’écoute pour échanger sur des sujets sensibles comme les mariages précoces, les violences basées sur le genre, ou encore les freins socioculturels à l’éducation des filles. Ces espaces permettent aux élèves de s’exprimer librement et d’être accompagnées.
Avant-hier, une tournée conjointe des responsables de Plan International et des autorités académiques a permis de constater, sur le terrain, les progrès réalisés dans cet établissement rural. C’est avec un large sourire que Mame Sahette Diallo, proviseur du lycée, a accueilli les visiteurs dans son bureau. Au cours de l’entretien, il est revenu sur la création du lycée, ses évolutions, mais aussi ses difficultés et les défis persistants. Il a d’abord dressé un constat général sur le système éducatif régional, estimant que des améliorations sont possibles à condition de créer un environnement scolaire plus favorable, de renforcer l’implication communautaire et de lutter contre les stéréotypes sexistes. « Comme ailleurs dans la région, notre établissement a longtemps été marqué par un fort taux de décrochage chez les filles, dû notamment aux mariages précoces et à un manque d’intérêt des parents pour leur scolarisation », explique-t-il. « De 2015 à 2021, seules cinq filles étaient inscrites : deux en classe de Seconde, trois en Terminale ». Mais selon M. Diallo, la tendance s’est inversée grâce au projet « Girl Engage », déployé par Plan International avec le soutien des autorités académiques.
« Ce projet a permis la construction de toilettes adaptées, l’installation de coins d’écoute, le reboisement de l’établissement, et la mise en place d’un mini-forage pour assurer l’accès à l’eau courante », précise-t-il. En plus de ces infrastructures, un groupe de filles vulnérables bénéficie régulièrement de serviettes hygiéniques, de cours, de renforcement et d’un accompagnement psychosocial. « Ces actions ont véritablement changé la donne à Khossanto. Aujourd’hui, de nombreuses filles parviennent à boucler leur cycle scolaire dans des conditions plus dignes et sereines », conclut le proviseur. Des défis, malgré les succès Des défis malgré les bons points Le proviseur précise qu’actuellement, le nombre de filles inscrites dans le second cycle a été multiplié par cinq, notamment grâce aux actions d’enrôlement menées depuis la classe de 3ᵉ dans le cadre du projet « Girl Engage ». « Grâce aux interventions de Plan International, l’espoir renaît. Les filles s’orientent de plus en plus vers les séries scientifiques, terminent leur cycle secondaire et décrochent leur baccalauréat.
Elles se sont même constituées en association et organisent régulièrement des activités para et extrascolaires. Le projet est, pour nous, un véritable succès », soutient Mame Sahette Diallo. Toutefois, il reconnaît que certains défis demeurent. Il cite notamment la perception encore négative que certaines communautés ont de l’éducation des filles. Il appelle donc l’ensemble des parties prenantes à promouvoir le droit des filles à l’éducation et à lutter contre les blocages socioculturels qui freinent leur épanouissement et leur réussite scolaire. Au-delà de Khossanto, ce sont 13 autres collèges et lycées de la région de Kédougou qui bénéficient des retombées du projet, touchant plus de 8.000 élèves. « C’est un projet qui a profondément transformé la trajectoire des filles, en agissant à la fois sur les structures communautaires et scolaires, afin de bâtir un écosystème favorable à leurs droits, à leur autonomisation et à leur protection », rappelle Nathalie Coly, coordonnatrice du projet « Girl Engage ». Elle ajoute que ce projet constitue un modèle inspirant, une approche centrée sur les filles, à la fois adaptable et reproductible dans d’autres contextes éducatifs et culturels.
Pape Coly NGOME