La nécessité de réguler le sous-secteur de l’enseignement supérieur privé au Sénégal est devenue une urgence. Selon les statistiques parmi les 298 établissements privés qui existent au Sénégal, près d’une centaine (environ le 1/3) ne respectent pas les conditions liées à l’agrément, l’habilitation et l’accréditation. Une situation qui a fini de remettre en cause la fiabilité des diplômes que délivrent certaines de ces structures qui pourtant comme le reconnait l’Etat, jouent un rôle important dans la formation.
« On va devoir réguler le secteur », avait déclaré Abdourahmane Diouf, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation invité de l’émission dominicale « Point de Vue » du 30 avril dernier sur la RTS. Il parlait des Etablissements privés d’enseignement supérieur (Epes). Cette sortie a été l’occasion pour faire le diagnostic dans ce sous-secteur qui pourtant comme le reconnait la tutelle joue un rôle primordial dans la formation au Sénégal.
Selon les statistiques, parmi les 298 établissements privés d’enseignement supérieur qui existent au Sénégal, près d’une centaine ne respecte pas les conditions d’agrément. Ce qui fait à peu près le tiers de l’existant. Ces structures comprenant des universités, des écoles et des instituts forment dans des domaines très variés (médecine, pharmacie, chirurgie dentaire, banque, finances, assurance, transport (logistique, ingénierie, droit, gestion, physique, chimie, etc.
Entre autres problèmes auxquels elles sont confrontées, on peut citer, le fait que certaines ne remplissent pas les conditions d’agrément définitif, d’habilitation et d’accréditation. « Aujourd’hui, il y a même des universités dont les étudiants, une fois sur le marché du travail, se rendent compte que leurs diplômes ne sont pas reconnus », avait soutenu le ministre lors de sa sortie médiatique.
Interpellé sur le sujet, en marge d’une rencontre de partage avec la tutelle, le 8 mai, le Pr Benoit Tine, Directeur de l’enseignement supérieur privé, note qu’il y a 155 Epes sans habilitation institutionnelle. La plupart de ces établissements n’ont que des agréments provisoires. « Au regard des dispositions du décret 2015-582 du 11 mai 2015 modifié par le décret n°2021-1790 du 29 décembre 2021 relatif à la reconnaissance, au classement et à l’équivalence des diplômes de l’enseignement supérieur, les Epes fonctionnant avec un agrément provisoire dont la durée de validité (4 années) est dépassée, constituent la principale source des difficultés rencontrées dans le privé», affirme le Pr Tine précisant que l’agrément provisoire a une durée de 4 ans contre 10 pour l’habilitation institutionnelle.
Concernant l’accréditation des programmes des Epes par l’Autorité nationale d’assurance qualité de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (Anaq-Sup), le directeur de l’enseignement supérieur privé note des progrès malgré les difficultés signalées. Il renseigne qu’il y a 151 programmes de Licence accrédités par l’Anaq-Sup ; 79 programmes en Master ; 8 Doctorat d’exercice et 2 diplôme d’ingénieur de conception.
Seuls 106 Epes disposent d’une habilitation institutionnelle Pourtant comme le stipule la loi, notamment le décret 2015-582 du 11 mai 2015 modifié par le décret n°2021-1790 du 29 décembre 2021, l’établissement doit obligatoirement déposer une demande d’habilitation auprès du Ministre chargé de l’Enseignement supérieur qui peut, après une évaluation de l’offre de formation par l’Anaq-Sup, donner ou refuser l’habilitation à l’établissement. En cas de trois refus de l’habilitation, le Ministre chargé de l’Enseignement supérieur peut prendre un arrêté de fermeture de l’établissement. Selon le Pr Tine, sur les 298 établissements, seuls 106 disposent d’une habilitation institutionnelle. L’enseignant chercheur de rappeler que les missions de la Direction de l’enseignement supérieur privé sont entre autres, d’étudier les demandes d’ouverture des Epes ; d’étudier les habilitations institutionnelles, les filières enseignées, collecter et analyser les données.
Par Aliou KANDE