Devenue obligatoire depuis le 1er février 2025, conformément à une décision prise par la direction du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud), la carte du Coud numérisée reste le principal quitus pour accéder au campus de l’Université Cheikh Anta Diop. Une mesure qui fait suite aux événements de juin 2023 durant lesquels, le campus a été le théâtre de violentes manifestations.
Il est 8 heures au portail du campus social de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), Omar Cissé prend service. C’est parti pour dix heures de patrouille entre les deux entrées : l’une dédiée aux étudiants et l’autre au personnel de service. À la porte centrale, le chef de la sécurité diurne se distingue des agents en faction par son port vestimentaire. Une chemise bleu ciel et un pantalon gris. Son rôle est de s’assurer que les agents des différentes entrées fassent leur travail convenablement. À ce trentenaire au teint noir et à la corpulence imposante, il est difficile d’arracher un sourire. M. Cissé ne badine pas avec les mesures prises par les responsables du campus pour assurer la sécurité des lieux. En effet, après les saccages survenus en juin 2023, les questions sécuritaires ainsi que la formation des agents dédiés faisaient partie des conditions que le conseil de l’université avait posées pour la reprise des cours en présentiel. « Depuis les dernières manifestations de juin 2023 ayant conduit aux saccages dans le campus, l’université a pris les mesures qu’il faut pour assurer la sécurité des résidents. Nous sommes bien formés et faisons le nécessaire avec les ressources mises à notre disposition », confie Omar Cissé.
Comme tous les jours ouvrables, l’affluence est assez remarquable à la grande porte. Le visiteur ou les pensionnaires des lieux sont obligés de patienter, car il faut montrer patte blanche pour franchir cet endroit. Entrer au campus requiert une identification. Tout mouvement est contrôlé. Il faut la carte d’étudiant communément appelée carte Coud. Celle-ci est désormais numérisée afin de mieux identifier les bénéficiaires. Elle garantit l’accès au campus et aux services sociaux. Les membres du personnel du centre des œuvres universitaires, eux, présentent aussi leur carte professionnelle à la porte de droite. « Tout est passé à la loupe avant d’entrer au campus. Même les véhicules sont scannés avec des détecteurs. Les chauffeurs et conducteurs de moto-taxis laissent leur permis de conduire ou leur pièce d’identité qu’ils récupèrent à la sortie », renseigne l’agent de sécurité. À l’entrée réservée aux étudiants, deux agents (un homme et une femme), sont en faction. Vêtus tous deux en noir, ils arborent un gilet vert fluorescent au dos duquel est écrit « Sécurité Coud » en gros caractères.
Ils contrôlent les entrées avec un portatif qui permet de scanner les cartes des étudiants. Une base de données électronique pour les étudiants Samba Kamara, adjoint au coordinateur de l’unité de sécurité du Coud, confie que ce contrôle est nécessaire pour vérifier si l’étudiant qui se présente est bel et bien le propriétaire de la carte qu’il détient. « Il arrive que des étudiants utilisent les cartes de leurs camarades pour accéder au campus. Si c’est le cas, on confisque la carte et l’on interpelle aussitôt le propriétaire pour le conseiller de ne plus se prêter à ce jeu », informe celui que les étudiants appellent familièrement « Père Kamou ». Il rappelle que les agents de la sécurité ne sont pas seulement aux portes. On les trouve également dans les pavillons et dans toutes les infrastructures du campus. Outre la carte du Coud, d’autres types de pièces sont autorisées pour entrer dans le campus social, a expliqué Omar Cissé. « Il nous arrive d’autoriser aux étudiants de passer parce qu’on les reconnaît, mais les personnes qui viennent pour voir leurs amis doivent impérativement laisser à la porte une pièce d’identité et prendre la carte de visiteur sur renseignement de leur destination et d’un numéro de téléphone. S’il y a donc problème, on saura que telle personne est entrée dans le campus et l’on fera le nécessaire. Nous avons une base de données de tous les étudiants qui résident au campus », précise Omar Cissé.
Séance tenante, l’entrée a été refusée à un parent venu de Thiadiaye, dit-il, pour rendre visite à son fils résident au campus. Il fallait que celui-ci vienne le chercher face au refus catégorique des agents en faction. Une décision qui pourtant a été bien appréciée par le concerné. « Je suis venu ici il y a quatre ans, mais il n’y avait pas ce contrôle aussi sévère. C’est rassurant de constater que la sécurité des pensionnaires du campus est une priorité pour les autorités universitaires », note le visiteur. Omar Cissé confirme que les préposés à l’accueil sont bien formés et savent identifier en cas de besoin, les personnes potentiellement dangereuses qui peuvent perturber la quiétude dans cet environnement », prévient-il. « Les quatre portes d’entrée au campus social de l’Ucad sont toutes sécurisées 24h/24 avec des agents qui se relaient, selon des horaires bien définis par le service de sécurité », rassure l’agent de sécurité.
La porte située à l’allée du Cesti (communément appelée couloir de la mort) fait partie des plus fréquentées en dehors du grand portail qui débouche sur le boulevard Cheikh Anta Diop. Amar Niang, agent de sécurité, souligne que la vigilance est renforcée, notamment aux heures de pointe. « Même si le contrôle nous prend du temps, on le fait minutieusement, car c’est ce pour quoi nous sommes ici », raconte M. Niang. Une rigueur que saluent certains étudiants comme Codou Senghor du département d’anglais. Rencontrée à la grande porte, Codou ne voit aucun inconvénient concernant ces mesures. Elle se dit être en phase avec toute mesure visant à renforcer la sécurité et le contrôle à l’entrée du campus. « Il m’arrive de rebrousser chemin parfois pour aller cherche ma carte oubliée dans ma chambre. Mais je trouve que ça en vaut la peine parce que la sécurité n’a pas de prix », affirme l’étudiante.
Par Boubacar FAYE