Les 4 et 5 décembre dernier, le Sénégal a accueilli à Mbour un atelier consacré à l’élaboration de la feuille de route nationale pour la mise en œuvre de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles. Cet événement a été coorganisé par Plan International, Save the Children et la Coalition mondiale pour la protection de l’éducation contre les attaques de bandes armées (GCPEA).
L’atelier a réuni des représentants des ministères de l’Éducation, de la Famille, des Forces armées, de la Justice, ainsi que des membres de la société civile et des syndicats d’enseignants.
La question de la sécurité dans les établissements scolaires et universitaires demeure une préoccupation internationale majeure.
Selon un rapport détaillé de la Coalition mondiale pour la protection de l’éducation, plus de 1 900 cas d’attaques contre l’éducation ont été enregistrés en Afrique en 2024, notamment dans des pays comme le Soudan, le Cameroun, le Mali, le Burkina Faso et l’Éthiopie. Ces attaques ont entraîné le décrochage scolaire de millions d’élèves et d’étudiants. Si l’Afrique est particulièrement touchée, des pays comme l’Ukraine, la Palestine et la République Démocratique du Congo comptabilisent également un nombre alarmant d’attaques contre l’éducation.
Face à cette situation dramatique, les États sont appelés à prendre des mesures concrètes. C’est dans ce contexte que la communauté internationale, via la Coalition mondiale pour la protection des écoles contre les attaques militaires, a adopté, en 2015, la Déclaration sur la sécurité dans les écoles. Michael Ranieri, coordinatrice du réseau pour la mise en œuvre de la Déclaration, souligne qu’il s’agit d’un engagement politique intergouvernemental visant à protéger l’éducation en période de conflits armés. Depuis sa création, 118 pays, dont le Sénégal en 2019, ont approuvé cette déclaration, qui est actuellement mise en œuvre dans tous les pays signataires.
Lors de l’atelier, le colonel Chérif Al Walid Mbodji, haut fonctionnaire de défense au ministère de l’Éducation nationale du Sénégal, a souligné que la sécurité dans les écoles est une question complexe qui touche directement la sécurité des élèves, des enseignants et de tout le personnel éducatif. Bien que le Sénégal ne soit pas confronté à des attaques directes contre ses écoles par des groupes armés, le pays, entouré par des zones de conflit, doit rester vigilant. Il a rappelé qu’une école sénégalaise située à la frontière guinéenne a récemment été attaquée par des individus armés, et que dans le passé, le conflit en Casamance a provoqué la fermeture de plusieurs écoles et causé des déplacements massifs de populations.
Le colonel Mbodji a également souligné que la sécurité dans les écoles est une mission régalienne, et que c’est à l’État de garantir la protection des enseignants, des élèves, du personnel et des infrastructures scolaires. Il a insisté sur le fait que les espaces éducatifs ne doivent pas être utilisés à des fins militaires, telles que des caches d’armes ou des bases militaires.
Au Sénégal, plusieurs initiatives ont été mises en place pour renforcer la sécurité dans les écoles. Khady Diop Mbodji, secrétaire générale du ministère de l’Éducation nationale, a évoqué la révision des règlements intérieurs des établissements scolaires, visant à assurer la sécurité des élèves, des enseignants et de l’ensemble de la communauté éducative. Le ministère a également lancé des projets tels que le projet de renforcement de l’appui à la protection (RAP), qui inclut des actions de sensibilisation et de sécurisation des écoles par la construction de murs de clôture. Une collaboration étroite avec les forces de défense a également été mise en place, et une plateforme sur les violences à l’école a été instaurée pour informer les autorités scolaires et académiques en cas d’attaque.
Lors de cet atelier, les participants ont travaillé sur la création d’une feuille de route nationale pour mettre en œuvre la Déclaration sur la sécurité dans les écoles. Les principaux axes de cette feuille de route sont : la création d’un environnement d’apprentissage sain, sûr et protecteur ; la continuité de l’éducation en période de crise ou de conflit ; ainsi que le pilotage, la coordination et le plaidoyer. Cheikh Mbow, représentant de la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’école publique (COSYDEP), a exprimé l’espoir que la mise en œuvre de cette feuille de route se déroulera de manière efficace, à condition que toutes les parties prenantes travaillent ensemble de manière complémentaire et collégiale.
Pape Coly NGOME