Après une année de gestion du régime du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep) a, dans un document rendu public, formulé des recommandations pour accélérer le processus de transformation du système éducatif sénégalais d’ici à 2030.
À six ans du rendez-vous de l’Agenda 2030 de l’Union africaine, qui repose essentiellement sur une nouvelle vision faisant de l’éducation un des vecteurs principaux du développement, le Sénégal devrait accélérer ses efforts pour l’atteinte de certains objectifs de l’Objectif du développement durable 4 (Odd). Ce rappel, effectué par la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep), est suivi d’un certain nombre de recommandations formulées dans un document rendu public. En effet, cette structure de la société civile éducative invite les nouvelles autorités étatiques, après une année de gestion des affaires publiques au Sénégal, à accélérer le plan de résorption des besoins en personnel enseignant, en équipements, en supports pédagogiques et en salles de classe. L’État, d’après la Cosydep, doit également finaliser le programme d’urgence de mise à niveau des infrastructures scolaires et celui d’élargissement de la carte scolaire, avec des stratégies de prise en charge des enfants hors école et à besoins spéciaux. Selon les récentes statistiques, 1.500.000 d’enfants en âge d’aller à l’école sont encore hors système.
La Cosydep renseigne également que 409.789 élèves du préscolaire et de l’élémentaire sont sans acte de naissance. Elle note aussi un déficit de 48.696 salles de classe et de 4.527 enseignants pour l’année scolaire 2024-2025, en plus des 7.145 abris provisoires recensés à travers le territoire national. Ces défis recommandent une implication plus soutenue des nouvelles autorités qui, reconnait la Cosydep, ont « manifesté, dès leur arrivée, une ferme volonté d’opérer des réformes profondes pour transformer le secteur éducatif ». Pour preuve, Cheikh Mbow, le directeur exécutif de la structure, et ses camarades évoquent, entre autres, les mesures allant dans ce sens, la refonte des curricula avec l’introduction de l’anglais dans le préscolaire et l’élémentaire ainsi que celle des langues nationales et du numérique.
La Cosydep invite, toutefois, l’État à renforcer la résilience du secteur à travers « une augmentation substantielle du budget d’investissement pour disposer d’écoles répondant aux normes d’hygiène, d’assainissement, de salubrité et de sécurité un peu partout dans le pays. Ces réformes à cœur Le document souligne également la nécessité d’accélérer la numérisation intégrale annoncée comme réforme majeure pour permettre d’enclencher la modernisation du secteur de l’éducation et d’assurer la diligence dans la délivrance des actes relatifs à la gestion des enseignants et à l’état civil. « Les réformes attendues en 2025 devraient adresser les curricula ; le pilotage et la gouvernance du secteur ; le système d’évaluation et de guidance scolaire ; les modes de financement ainsi que leurs orientations ; le dispositif de formation des enseignants ; le repositionnement de toutes les offres éducatives », indique la source. Celles-ci devraient, entre autres résultats, permettre d’assurer l’effectivité du droit à une éducation fondamentale pour tous, dans une vision humaniste et avec une attention soutenue sur les cibles et sous-secteurs vulnérables.
« La généralisation des langues nationales dans les premières années de scolarisation est une question de souveraineté et exige un financement endogène conséquent. Il en est de même concernant l’intégration des « daara » (écoles coraniques) dans le système éducatif qui mérite une clarification dans sa mise en œuvre », souligne la Cosydep. Elle estime que cette option en faveur de l’enseignement coranique devrait s’appuyer sur l’adoption très attendue de la loi sur le statut des « daara ». Ces acteurs de la société civile éducative attendent également avec impatience le lancement de la réforme du système d’évaluation certificative (Cfee, Bfem, Bac) en lien avec la refonte des curricula.
Enfin, ils préconisent aussi « la fonctionnalité des cadres de dialogue et de suivi des accords en adressant les questions spécifiques (décisionnaires, classes spéciales, zones vulnérables) qui nécessitent des stratégies spécifiques combinées à une forte volonté politique. La Cosydep n’a pas manqué de magnifier certaines décisions prises en urgence par les nouvelles autorités étatiques telles que le recrutement spécial de 2.000 enseignants, en plus des 4.000 recrutements par voie de concours. Cependant, dit-elle, « la nécessité d’une transparence accrue est soulignée, notamment par la publication de la liste définitive des sélectionnés afin de garantir l’équité du processus ».
Seydou Prosper SADIO