Enseignante-chercheure au département de Mathématiques de l’Université Alioune Diop de Bambey, Dr Bernadette Faye est la présidente de l’Association des femmes mathématiciennes du Sénégal. Elle déplore le taux d’abandon des filles dans les matières scientifiques à l’université notamment, dit-elle, à partir de la Licence.
Aujourd’hui, dans les universités sénégalaises, notamment à Alioune Diop de Bambey, où Dr Bernadette Faye intervient, on retrouve beaucoup de filles dans les premières années de sciences. « On a vraiment beaucoup de filles. Quand je regarde ma classe, je dirais que c’est un ratio 60-40. Il y a peut-être 40% de filles qui sont dans les classes », se félicite Dr Faye, dans un entretien.
Cependant, elle note que le taux d’abandon se ressent plus quand on va en Licence de maths. « Cette année, je n’ai que deux étudiantes en Licence de mathématiques. On les perd complètement au bout du cycle universitaire », indique l’enseignante-chercheure au département de Mathématiques de l’Université Alioune Diop de Bambey (Uadb), par ailleurs présidente de l’Association des femmes mathématiciennes du Sénégal.
Interpellée sur les raisons de ce fléchissement, Dr Faye cite entre autres, la pression sociale, le mariage et aussi le manque de modèles de réussite. Elle estime que les filles qui sont dans les filières scientifiques manquent de modèles de réussite pour se projeter et « voir qu’elles peuvent faire des carrières épanouissantes » en sciences de manière générale. « La plupart du temps, elles se retrouvent en médecine. Là, elles comprennent mieux ce qui les attend à la fin de leurs études. Peut-être en informatique aussi, elles peuvent se projeter plus. Mais, dans les sciences fondamentales, comme les maths et la physique, d’habitude, elles ont du mal à se projeter au-delà de ce qu’elles étudient », signale-t-elle.
Ambassadrice des filles et femmes qui sont dans les filières scientifiques et particulièrement dans les mathématiques, Dr Bernadette Faye accorde une attention particulière aux filles qui embrassent les filières scientifiques. Avec leur association, elle essaie autant que possible, de déconstruire les stéréotypes en organisant chaque 12 mai, la journée internationale des femmes en mathématiques. « On célèbre cette journée chaque année avec les collèges et lycées. Parce que c’est là-bas où on doit aller les chercher d’abord, avant qu’elles arrivent à l’université, pour leur montrer des modèles de réussite », poursuit-elle.
« On leur propose également des projets de recherche. En même temps, on essaie de leur donner des soft skills : comment écrire son CV ; comment postuler à des projets ; ce qu’il faut faire après un Master en mathématiques, comment choisir son superviseur. Ce qui est très important », note-t-elle.
Dr Faye fait partie des jeunes chercheures qui font la fierté du Sénégal tant au niveau national qu’international. Maître de conférences à l’Université Alioune Diop de Bambey, elle a obtenu en décembre 2017, son Doctorat en Théorie analytique des nombres, dans le cadre d’un double programme entre l’Université de Witwatersrand (Wits) en Afrique du Sud et l’Ucad sous la co-supervision du Pr Florian Luca de l’université de Wits et du Pr Djiby Sow de l’Ucad.
L’objectif principal de son travail était l’étude des équations diophantiennes avec des fonctions arithmétiques et des séquences récurrentes binaires.
Mariama DIEME