En cette période de vacances, Tivaouane Peul vit aux rythmes de ses nombreuses écoles franco-arabe, avec des programmes qui se résument aux apprentissages du Coran et des hadiths. Répondant ainsi aux préoccupations des parents qui souhaitent renforcer l’éducation de leurs enfants avant la rentrée scolaire.
Au bout de la route « Talli carreau » de Tivaoune Peul, des versets du Coran s’entendent ce jeudi 14 août 2025. Ils sont prononcés par de fermes voix d’enfants. Elles viennent de la maison bleu-gris de trois étages. C’est l’école franco-arabe Omar Ben Abdoul Aziz.
En cette période de vacances, la plupart des parents envoient leurs enfants dans des écoles coraniques, une manière de poursuivre leur éducation. Les «daara » vacances deviennent ainsi « une demande sociale » d’après Oustaz Top, directeur de l’école. Pour lui, il s’agit d’un besoin exprimé par des parents soucieux d’éduquer les enfants en profitants des trois mois de vacances.
Actuellement, son école, devenue «daara » vacances, reçoit des pensionnaires et des apprenants venus d’ailleurs. De l’entrée à la sortie de l’école, vers 10 heures passées, des versets du Coran résonnent dans toute la maison. Les pensionnaires sont dans des salles où l’on peut lire au-dessus des portes : CE2, CM1…
Un adolescent récite une partie de la sourate 2, « La vache », sous le contrôle du directeur. Toujours, dans le même quartier, en face de l’atelier soudeur métallique, se trouve l’école franco-arabe Mouhamadou Mansour Ba ; un établissement qui allie enseignement préscolaire et élémentaire pendant la période académique.
Sur une grande natte marron-beige étalée à l’entrée, l’on voit, pêle-mêle, des sacs, des corans, des ardoises. Les propriétaires sont en récréation. Rencontrés à l’entrée de la maison qui fait office d’école et de «daara » vacances, les enfants cherchent à se divertir à leur manière.
Relais scolaire pour un enseignement islamique
Au fond de la maison, devant une petite classe, une natte bleue est étalée. Au-dessus d’elle, à l’intérieur d’un cadre rouge, on aperçoit une photo du Président de la République, Bassirou Diomaye Faye.
À la même hauteur de la photo présidentielle, sur un tableau noir, est inscrit ce message : « Construisez votre succès à partir de vos échecs. Le succès n’est que le revers de l’échec et tu ne peux jamais savoir à quelle distance se trouve le but. Qu’il te semble si lointain, alors qu’il est proche, n’abandonne pas ».
L’apprentissage continue, mais celle du Coran et de quelques règles de bon comportement, explique oustaz Salikh Maria. « Les parents veulent, au-delà des enseignements coraniques, de veiller sur l’éducation des enfants, et dans ce «daara », tout est contrôlé, par exemple la prière. Et certains habillements et types de coiffure à l’image des dégradés sont strictement interdits », argue Oustaz Salikh.
Ouvert il y a de cela deux semaines, le «daara » compte 11 élèves, 4 garçons et 7 filles. Parmi eux, Lamine Dabo, élève de CM2 à l’école élémentaire Tivaoune Peul 2 (Tpd) informe que pendant l’année scolaire, il allait à l’école le matin et l’après-midi, il travaillait à l’atelier de tailleur de la famille. Durant toute l’année, il a eu cet emploi du temps. Maintenant que l’école est fermée, ces parents l’ont conduit dans ce «daara » pour apprendre le Coran.
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Il confirme que son nouveau programme est l’école coranique le matin et parfois l’atelier tailleur l’après-midi. À 11h15, les enfants reprennent leur place sur la grande natte. Aïcha, en robe verte, commence à réciter « an-naazi’aat », la sourate 79.
Sur ordre de Outaz Salikh, les enfants commencent chacun à mémoriser les versets où ils s’étaient arrêtés avant d’aller à la récréation. À Tivaoune Peul, les «daara » vacances sont fréquents. Penda Kane, une mère de famille résidant à la rue mosquée ibadou, confie avoir inscrit sa cadette, Mame Fatou Fall, âgée de 8 ans, au «daara » vacances pour une remise à niveau.
D’ailleurs, d’après Oustaz Top, certains parents inscrivent leurs enfants au «daara » vacances à cause de leur mauvais comportement et d’autres parce qu’il est évident que tout parent musulman souhaiterait que son enfant apprenne sa religion. C’est pourquoi il confirme que le programme est centré sur l’apprentissage du Coran, particulièrement des versets pour la prière, des invocations et des hadiths.
Aïda GUEYE (Stagiaire)