Le Rassemblement des Enseignants Vacataires des Universités Publiques du Sénégal (REVUS) souhaite encore tirer la sonnette d’alarme sur la situation des enseignants vacataires au sein des universités publiques du pays. Ces enseignants, souvent titulaires d’un doctorat, sont confrontés à une grande précarité.
« Notre soutenance était un moment d’espoir pour nos parents, mais, à présent, nous avons même honte de les regarder dans les yeux », confie Makhtar Diop chargé des revendications du REVUS, très touché par sa situation partagée avec ses amis.
Selon Makhtar Diop, la vacation, initialement conçue pour faire appel à des professionnels et fonctionnaires afin de compléter l’offre de formation, a été dévoyée. « Au début, la mission de la vacation était de prendre des professionnels, des fonctionnaires qui avaient déjà un emploi, mais qui venaient aider l’université à compléter son offre de formation». Or, aujourd’hui, de nombreux vacataires sont des docteurs qui aspirent à un poste permanent, mais qui sont « exploités » avec un statut précaire. A l’en croire, sont entre 6500 et 8 000 enseignants
Des conditions de travail « indignes »
Le chargé des revendications du REVUS est convaincu que les enseignants vacataires effectuent les mêmes tâches que les enseignants permanents, notamment les cours, la correction des copies, l’encadrement des étudiants et même des cours magistraux. Cependant, leur rémunération est dérisoire : « 5000 FCFA l’heure », un tarif inchangé depuis 1981. De plus, d’après Makhtar, ils subissent des retards de paiement insupportables, parfois pendant six mois, voire un an. Le sieur Diop souligne : « Tu peux rester six mois ou bien un an parfois sans être payé alors que tu es titulaire d’un diplôme de doctorat». La preuve le semestre de 2022-2023 n’est toujours pas payé dans certaines universités.
Malgré leurs compétences et leur dévouement, les enseignants vacataires sont confrontés à un manque de recrutement flagrant. « L’université de Dakar n’a presque pas recruté, il y a eu moins de 500 enseignants, sur une période de 10 ans. »
Des conséquences désastreuses sur l’encadrement
Ce manque de recrutement a des conséquences directes sur l’encadrement des étudiants. Makhtar Diop indique : « on a dans l’université publique 200 000 étudiants pour environ 2500 enseignants chercheurs. » Le ratio actuel est d’un enseignant pour 80 étudiants, alors que l’UNESCO recommande un enseignant pour 25. « Le taux d’encadrement n’est pas normal », déplore Diop.
Le REVUS revendique un recrutement massif de 1500 enseignants chercheurs afin d’améliorer le taux d’encadrement et la qualité de l’enseignement. Face à l’inaction des autorités, le REVUS a décidé de sensibiliser l’opinion publique. « On s’est dit que ce problème ne concerne pas uniquement les enseignants vacataires. C’est un problème qui concerne le peuple sénégalais». Le REVUS a déjà rencontré des imams et s’efforce d’obtenir des plateaux dans les médias pour faire connaître leur situation.