L’Église catholique a, depuis jeudi, un nouveau pape. Le cardinal américain Robert Francis Prevost devient le 267e souverain pontife de l’histoire de l’Église. Âgé de 69 ans, le nouveau gardien du Saint-Siège a choisi le nom de règne Léon XIV.
Dans la tradition de l’Église catholique romaine, le pape élu par le conclave choisit un nom de règne, souvent suivi d’un numéro d’ordre, afin de se distinguer de ses prédécesseurs ayant porté le même prénom. Ce choix, purement personnel, constitue le premier acte du nouveau pontife, immédiatement après avoir accepté sa charge en répondant à la question rituelle du cardinal protodiacre, doyen des cardinaux : « Quo nomine vis vocari ? » (« Quel nom veux-tu porter ? »).
C’est ce même cardinal protodiacre qui proclame, depuis le balcon central de la basilique Saint-Pierre, le nom choisi par le nouveau pape. Le choix de ce nom donne souvent une indication sur les grandes orientations du futur pontificat. Ainsi, en 2013, le pape François avait surpris en choisissant un prénom inédit dans l’histoire pontificale, en référence à saint François d’Assise. Il souhaitait ainsi se positionner comme le pape des pauvres, des exclus, mais aussi comme un ardent défenseur de l’environnement.
Le choix d’un nom peut rendre hommage à un prédécesseur ou à un saint, ou encore symboliser une vision spirituelle que le pape souhaite incarner. En 1978, le pape polonais Karol Józef Wojtyła avait ainsi choisi le nom de Jean-Paul II pour honorer Jean-Paul Ier, décédé après seulement 33 jours de pontificat. Son successeur, le cardinal allemand Joseph Ratzinger, avait choisi en 2005 le nom de Benoît XVI, en référence à Benoît XV, pape durant la Première Guerre mondiale, mais aussi à saint Benoît, fondateur de l’ordre des bénédictins.
« Le nom de Benoît évoque aussi le père du monachisme occidental, co-patron de l’Europe, particulièrement vénéré dans mon pays, et surtout en Bavière », avait-il expliqué.
Le nom choisi peut également révéler une orientation plus conservatrice ou progressiste du pontificat. Il est intéressant de rappeler qu’avant l’an 533, les papes conservaient leur nom de baptême. Le premier à y renoncer fut Mercurius, dont le nom, jugé païen car associé au dieu Mercure, fut remplacé par Jean. Depuis, seul Adrien VI, au XVIe siècle, a conservé son prénom de naissance.
Dans la tradition chrétienne, le changement de nom est souvent signe de transformation de mission et de statut. Ainsi, dans la Genèse (Gn 17,5), Dieu déclare à Abram : « Tu ne seras plus appelé Abram ; ton nom sera Abraham, car je fais de toi le père d’une multitude de nations. » De même, Jésus dit à l’apôtre Simon : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. » Pierre, le premier pape, reste à ce jour le seul à avoir porté ce nom.
En choisissant le nom de Léon XIV, le nouveau pape exprime probablement son souhait de s’inspirer de l’œuvre de Léon XIII (1878-1903), connu comme le pape des ouvriers et de la réconciliation avec la modernité. Dans son encyclique Rerum Novarum, publiée en 1891, Léon XIII dénonçait les dures conditions de travail des ouvriers, prônait un salaire équitable et la liberté d’association syndicale. Ce texte fondateur de la doctrine sociale de l’Église reste une référence majeure.
Enfin, en choisissant une devise issue de saint Augustin, « In illo uno unum » (« En Celui qui est Un, nous sommes un »), le pape Léon XIV semble vouloir marquer son pontificat sous le signe de l’unité, de l’humanisme et de la paix.
Jeanne SAGNA