Le nom du nouveau président de la Banque africaine de développement (BAD) devrait être connu cet après-midi. Le scrutin est prévu entre 10 heures et 14 heures, mais il pourrait s’éterniser si aucun des candidats ne se détache dès les deux premiers tours. Quoi qu’il en soit, l’issue du vote dépendra fortement du positionnement des dix principaux pays actionnaires, le Nigéria en tête.
L’heure du choix est arrivée : celui du super-banquier africain qui dirigera, pour au moins les cinq prochaines années, la Banque africaine de développement. Le processus a démarré il y a presque un an, au lendemain des Assemblées annuelles de la BAD, tenues à Nairobi en 2024. Une fois le calendrier électoral établi, l’appel à manifestation d’intérêt avait été lancé le 1er juillet 2024 auprès des pays membres régionaux afin de désigner des candidats.
Pour être éligible à la présidence de la Banque, le candidat doit être une personnalité de la plus haute compétence dans les domaines liés aux activités, à la gestion et à l’administration de l’institution, et être ressortissant d’un État membre régional. Un candidat est élu président lorsqu’il obtient la double majorité : 50,01 % de la totalité des droits de vote de l’ensemble des pays membres (régionaux et non régionaux), ainsi que 50,01 % des seuls pays membres régionaux (africains).
Les 81 pays membres (54 africains et 27 non africains) ont chacun un poids de vote proportionnel à leur part dans le capital de la Banque. Dix pays se distinguent comme les plus influents — les « faiseurs de roi ». Si ces derniers votent tous en faveur d’un même candidat, l’élection pourrait être pliée rapidement. Toutefois, un tel consensus est peu probable, ce qui rend cette élection particulièrement indécise.
En tête de ces puissances influentes figure le Nigéria, dont le poids est de 9,3 % des droits de vote. Il est suivi de l’Égypte (6,3 %), des États-Unis (6,09 %), du Japon (5,4 %), de l’Algérie (5,3 %), de l’Afrique du Sud (5,05 %), du Maroc (4,7 %), de l’Allemagne (4,1 %), du Canada (3,8 %) et de la France (3,7 %). Ces dix pays cumulent à eux seuls 54,051 % des droits de vote.
Elhadji Ibrahima THIAM
Le Nigéria pourrait voter pour le Sénégal
C’est la rumeur qui circule dans les couloirs de l’hôtel Sofitel Ivoire : le Nigéria pourrait accorder son soutien au candidat sénégalais Amadou Hott. Si cela se confirme, ce soutien de poids pourrait s’avérer déterminant dans l’issue du scrutin. En effet, avec près de 10 % des droits de vote (exactement 9,333 %), le Nigéria représente une voix majeure.Avec les appuis qui semblent déjà acquis — notamment ceux du Maroc, du Congo, du Gabon et d’autres pays — Amadou Hott pourrait considérablement renforcer ses chances d’accéder à la présidence de la BAD.
Cependant, le vote s’annonce particulièrement serré. À l’exception du Tchadien Mahamat Abass Tolli, gouverneur sortant de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), les cinq candidats sont au coude-à-coude. Outre Amadou Hott, on retrouve Samuel Maimbo (Zambie), haut responsable de la Banque mondiale ; Swazi Tshabalala (Afrique du Sud), ancienne vice-présidente chargée des finances à la BAD ; et Sidi Ould Tah (Mauritanie), ex-directeur de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique.
Tous peuvent revendiquer des soutiens de poids. Mais avec un système de vote proportionnel aux parts détenues dans le capital de la Banque et l’absence de favori incontesté, plusieurs tours de scrutin sont à prévoir. Pour mémoire, le Marocain Omar El Kabbaj avait été élu en 1995 après quatorze tours, et son successeur, le Rwandais Donald Kaberuka, avait nécessité huit tours en 2005.
Le prochain président de la BAD prendra officiellement ses fonctions le 1er septembre, le mandat de l’actuel président, Akinwumi Adesina, s’achevant le 31 août.
Elhadji Ibrahima THIAM