Ma part de Soleil, c’est une histoire de vie, d’apprentissage, d’épreuves et de résilience. J’y suis entré jeune économiste en 1992, porté par la passion du journalisme : comprendre et expliquer les faits économiques, les politiques publiques, les chiffres et les hommes.
Le Soleil m’a beaucoup appris. Il a été mon école de rigueur, mon terrain d’enquête, mon premier espace de liberté intellectuelle. J’y ai appris à douter, à formuler, à clarifier et à transmettre. J’y ai côtoyé des femmes et des hommes de talent, d’une belle probité morale, d’une grande générosité intellectuelle, qui m’ont marqué à vie. Au Soleil, le journalisme rime avec éthique et responsabilité. Quand j’ai quitté la rédaction en 2001, c’était pour servir dans la haute administration sénégalaise, au ministère de l’Économie et des Finances et à l’Apix. Mais Le Soleil ne m’a jamais vraiment quitté. C’est pourquoi, en septembre 2009, lorsque le président Abdoulaye Wade me confia la direction générale de la Sspp, j’ai compris que l’histoire continuait — mais à un autre niveau de responsabilités et surtout de défis. Le Président directeur général de l’époque, Bara Diouf avait été le premier à m’ouvrir les portes du Soleil en tant que stagiaire, en 1986 ; c’est lui-même qui m’y installa, présidant cette fois le Conseil d’administration. À ce moment-là, l’entreprise Le Soleil était à genoux : cinq mois d’arriérés de salaires, 400 millions de Fcfa de dette bancaire, 600 millions de Fcfa dus aux fournisseurs, une imprimerie à l’arrêt.
Il a fallu faire face. Réformer. Dialoguer. Trancher. Bâtir une nouvelle vision. Nous avons tenté le redressement de la maison, lentement, patiemment, avec l’appui d’équipes courageuses et engagées. La confiance de trois banques établies à Dakar nous a permis d’investir : acquisition, en 2013, d’une rotative hybride à un milliard Fcfa ; rachat, en 2016, de l’Agence de Distribution de Presse (Adp) pour 70 millions Fcfa et acquisition de son patrimoine foncier de 5 000 m² pour 720 millions Fcfa ; enfin, acquisition, en 2017, d’une unité de façonnage moderne à 300 millions Fcfa pour produire livres et magazines. Au plan social, ma part de Soleil a aussi été faite d’étapes pleines d’émotion : installation et gestion de l’Institution de Prévoyance Maladie (Ipm) de 1997 à 2004 ; lancement de la coopérative d’habitat des cadres en 1998 ; obtention, en 2006, d’un bail qui donna naissance à la Cité Soleil de la Zac de Mbao ; appui, en 2014, à l’acquisition de 40 parcelles à Almadies 2 pour les agents du journal. J’ai toujours vu Le Soleil comme un patrimoine national à consolider, un bien commun pour l’épanouissement intellectuel, professionnel et social de ses agents.
J’y ai défendu la rigueur économique, l’intégrité journalistique, la déontologie professionnelle. J’y ai aussi vécu des nuits d’angoisse et de doute, mais aussi de grands matins de fierté. Ma part de Soleil, c’est ce chemin de 30 ans, entre l’encre et le management, entre les mots et les chiffres, entre les hommes et les idées. Une part intime, indélébile. Une lumière intérieure. Une grande satisfaction morale d’avoir servi mon pays et une entreprise qui m’a tant donné, dotée d’une rédaction de journalistes compétents, rigoureux et respectés. Aujourd’hui, Le Soleil est entre de bonnes mains, avec son Directeur général et Directeur de publication, Lamine Niang. J’en veux pour preuve ce cinquante-cinquième anniversaire qu’il célèbre dans un esprit fédérateur, rassemblant toute la grande famille du Soleil, avec la vision d’un manager qui sait où il va. Un choix pertinent des nouvelles autorités.