Un symposium sur l’agroforesterie réunit, depuis hier à Dakar, des chercheurs pour échanger sur les stratégies à mettre en place pour accompagner la transition agro-écologique dans les pays sahéliens.
Le Centre de suivi écologique (Cse), en collaboration avec l’Institut sénégalais de recherches agricoles (Isra) et l’Union européenne, a initié, hier à Dakar, un symposium sur l’agroforesterie dans le Sahel. Cette rencontre a permis aux acteurs d’échanger sur les stratégies à mettre en place pour accompagner la transition agro-écologique dans les pays sahéliens.
L’objectif de cet atelier de clôture consacré à l’agroforesterie est de créer une synergie entre l’utilisation et la protection des ressources naturelles, afin d’améliorer les moyens de subsistance des populations rurales. Cela passe par l’intégration systématique des cultures, des arbustes et de l’élevage dans les systèmes de production du Sahel.
Selon Jules Bayala, chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), l’agroforesterie, qui en est à sa cinquième décennie, peut être définie comme une combinaison de l’agriculture et de la foresterie visant à renforcer la productivité agricole et pastorale, tout en améliorant les conditions de vie des populations sahéliennes.
Le projet Sustain Sahel met l’accent sur le potentiel d’intensification des systèmes de production intégrant arbres et bétail. D’après Diery Gueye du Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (Cncr), les résultats du projet bénéficient directement aux communautés. « La collaboration avec les chercheurs nous a appris que nous pouvons utiliser les résidus de mil ou de maïs pour faire des économies substantielles sur l’achat des engrais », a-t-elle confié.
Pour Cheikh Mbow, directeur général du Cse, l’agroforesterie constitue un véritable levier de développement social. Il estime qu’il est urgent de déconstruire certaines conceptions et de repenser la notion même d’agroforesterie. Il défend notamment l’idée, à l’image de certains pays asiatiques comme le Japon ou la Chine, de développer les petites exploitations et les parcs forestiers. « Il faut, par exemple, faire des cultures vivrières une profession à part entière, et non une simple activité », a-t-il déclaré.
Le directeur du Cse a également souligné que, outre les cultures fruitières et les espèces fourragères, l’optimisation des cultures intercalaires d’arbustes dans le Sahel a un impact considérable sur la séquestration du carbone. Il a aussi rappelé que l’Afrique importe plus de 80 milliards de dollars de produits agroforestiers, contre seulement 50 milliards d’exportations, ce qui représente un déséquilibre important.
Au Sénégal, les systèmes agroforestiers sont relativement stables, même si leur nature hybride complique leur intégration dans les lignes budgétaires. « Le système agroforestier, grâce à la rétention de la matière organique dans le sol, permet une production agricole plus rentable et plus durable, répondant ainsi aux objectifs de développement du Sahel », a-t-il conclu.
Djibril NDIAYE