Aussi improbable que cela puisse paraître, des ménages localisés dans la banlieue de Dakar sont sans robinet. Un tour au quartier Médina 5, dans la commune de Djeddah-Thiaroye Kao, a permis d’en avoir le cœur net.
Selon une enquête réalisée par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd), seuls 89,4 % des ménages urbains sont branchés au réseau de la Société nationale des eaux du Sénégal (Sones). Cela signifie que 11% des ménages sont obligés de s’approvisionner hors de leurs domiciles respectifs pour couvrir leurs besoins en eau. Au quartier Médina 5, dans la commune de Djeddah-Thiaroye Kao, département de Pikine, des foyers attendent d’être branchés au réseau national de distribution. C’est un quartier abandonné pendant plusieurs années à cause des inondations de 2005. Cependant, grâce aux ouvrages de canalisation aménagés un peu partout, le quartier est redevenu habitable. Toutes les maisons sont maintenant réoccupées. Aucune trace d’eau pluviale n’y est visible.
Âgée de 58 ans, Fatou Kounta a vécu toute sa vie dans la banlieue dakaroise. Sauf pendant la période des inondations où elle était obligée de la quitter pour Malika avec sa petite famille. Plus tard, elle sera obligée d’y retourner à cause des charges liées au paiement du loyer. « Cette maison que nous occupons n’est pas branchée au réseau de la Sones, nous achetons de l’eau de robinet tous les jours », renseigne-t-elle. Elle explique que ses filles se rendent à chaque fois que de besoin à la maison d’en face pour acheter de l’eau de robinet. « Les trois seaux d’eau sont vendus à 100 FCfa. Le bidon et la bassine coûtent chacun 50 FCfa », avance-t-elle. Pour la quantité d’eau quotidienne achetée, elle répond : « cela dépend des jours. Par exemple, à chaque fois que je dois faire le linge, j’achète plus d’eau que les autres jours ».
La pompe, une alternative
Quant à sa voisine, Ndiaga Diongue, restauratrice, elle confie que sa consommation d’eau est plus chère, car elle cuisine chez elle avant de transporter le repas qu’elle vend à son restaurant. « En dehors de l’eau que les membres de ma famille utilisent pour se laver, faire le linge, le ménage, etc. j’utilise beaucoup d’eau pour les repas que je prépare pour mes clients », signale-t-elle.
Mariama Baldé vit dans la même zone avec ses enfants et sa belle-mère. Compte tenu de la forte quantité d’eau nécessaire pour la consommation quotidienne de son foyer, elle est obligée de se rabattre sur la pompe à eau pour compléter le reste en s’approvisionnant au robinet d’à côté. « Il est vrai que la pompe à eau est loin, mais nous préférons faire l’effort en marchant jusque là-bas et puiser de l’eau sans payer », fait-elle savoir.
Même réaction chez Khoudia Mbow qui explique que ses sœurs s’approvisionnent à la pompe. « L’eau que nous utilisons pour le linge, la vaisselle et autres est tirée à la pompe », affirme-t-elle. Ancien militaire, Issa Dia et son épouse n’ont qu’une seule fille âgée de onze ans. Leurs quatre autres enfants sont des garçons. Ce sont eux qui remplissent les trois fûts avec l’eau de la pompe. « Nous achetons environ 400 FCfa en eau de robinet par jour. Le reste, ce sont les garçons qui s’en chargent », partage-t-il.
Abdou DIOP (correspondant)