Dans la commune de Fafacourou, Saré Moussayel a été toujours traîné la réputation d’être le repaire de trafiquants de bois dans la zone de Médina Yoro Foulah. Une image collée à ce hameau, ce que ses habitants refusent d’admettre. Selon eux, les coupeurs de bois ne sont pas des autochtones.
A plus d’une quarantaine de Km de Bas- soum, après avoir dépassé la capitale communale, Fafacourou, on découvre Saré Moussayel. Un village réputé pour accueillir des coupeurs de bois. Entre Fafacourou et Saré Moussayel, c’est une route en latérite poussiéreuse. Sur des pistes et des sentiers où l’on se faufile à moto, la forêt, jadis touffue, est aujourd’hui décimée. De multiples troncs d’arbres jonchent le sol. Les exploitants ont quasiment tout défait, faisant fuir les animaux sauvages et les oiseaux. «Ici, on vivait presque avec les hyènes et d’autres animaux sauvages. On les voyait en permanence. Aujourd’hui, les jeunes n’ont pas cette chance de voir ces animaux », explique un vieux chasseur, croisé sur une piste en pleine brousse sur le chemin de Saré Moussayel. Signe de la coupe sauvage et des zones qui perdent leur identité. Des sols noircis par la persistance des feux de brousse avec des dizaines de kilomètres de forêts qui se perdent et menacent tout un écosystème. Après plus de 2 heures de piste, on aperçoit Saré Moussayel. Le dernier village à la frontière avec la Gambie. Le soleil est déjà à son paroxysme. Aucun bruit. Rien ne bouge. Le seul refuge pour échapper à la forte chaleur, c’est sous les vérandas protégées par les arbres ou dans les chambres. Le village a été fondé en 1920 par un nommé Moussa Bodio Diao, originaire de Gambie. Après sa mort, le village fut abandonné C’est après quelques années qu’un certain Yaya Diallo, s’y est installé à nouveau avec sa famille. Saré Moussayel est habité essentiellement par des Peuls originaires de Guinée. Le village compte 500 âmes vivant dans 46 concessions.
Soupçonneux, après la présentation du visiteur et de son accompagnateur sur l’objet de leur visite, le chef de village, Issa Touré, a préféré convoquer tous les sages et les jeunes du village sous la véranda de sa maison. Le patriarche, la soixantaine révolue, décrit la misère et la pauvreté dans les- quelles vivent ses administrés. Comme presque dans tous les autres hameaux, les habitants de Saré Moussayel vivent de l’agri- culture, de l’élevage et du commerce. L’homme, peu prolixe, se désole que les habitants du village soient « détachés » du pays. Il a évoqué le manque d’eau potable, d’électricité et de routes praticables. « Nous n’avons même pas un petit forage. Et main- tenant, les gens veulent quoi ?», grommèle- t-il comme pour se dédouaner des questions du visiteur qui veut aborder la question de la coupe du bois. Dans ce village séparé du premier village gambien par une petit rocher, les habitants utilisent la monnaie du pays voisin, le Dalasi. Un des notables, Aliou Barry, révèle qu’ils rencontrent très souvent des difficultés avec leurs voisins gambiens. « Nous louons les champs en Gambie pour cultiver. C’est très souvent sources de problèmes », souffle-t-il. Avant de renchérir : « Nous sommes des oubliés du Sénégal. On vit difficilement. Si tu vois qu’on utilise la monnaie gambienne, c’est parce que la Gambie est plus proche », expose-t-il. Son voisin, Mamadou Haly Diallo, l’appuie dans ce sens en ajoutant que tout ce que les villageois de Saré Moussayel consomment, viennent de Gambie. Un des jeunes du nom de Souleye perturbe la réunion. Il soutient qu’ils ont très souvent accueilli des étrangers en leur exposant les conséquences de la coupe sauvage des arbres, mais que « rien n’est réglé ». Pour lutter contre la coupe de bois dans la zone, Seydou Camara propose des projets pour les jeunes. Il déplore que « les gens n’ont aucune activité et doivent faire vivre leurs parents et gérer certains besoins ». L’infirmier du village, Yaya Diallo, indique qu’on les accuse d’être des coupeurs de bois alors que la plu- part des gens qui exploitent la forêt viennent d’autres contrées. Nous ne vivons qu’avec ce qu’on a. Même le riz, on l’achète à Souma Counda en Gambie », se justifie-t- il. Abondant dans le même sens que Yaya, un autre notable révèle que les exploitants passent par leur village pour transporter les plantes ou troncs d’arbres. Il se désole que ce soit l’image de leur village qui se trouve ternie alors le dépôt des exploitants de la forêt se trouve en Gambie.
Samba DIAMANKA