Pété Ouarack, dans le département de Louga, est victime de son enclavement. Coincée entre trois grandes communes du département, cette collectivité, qui souffre d’un manque d’eau et d’infrastructures rurales, est l’une des moins loties de la circonscription administrative de Louga.
LOUGA – Coincée entre les communes de Coki au sud, Nguer Malal au nord, Thiamène et Gandé à l’est, Pété Ouarack est l’une des collectivités locales qui souffrent le plus de son enclavement, dans le département de Louga.
Composée de 25 villages, dont huit hameaux, cette ancienne communauté rurale, devenue commune à la faveur de l’Acte 3 de la décentralisation, manque quasiment de tout pour entrer dans le cercle des collectivités en voie de progrès. « Notre commune manque quasiment de tout, du fait de son enclavement et de l’absence d’eau qui rendent les activités économiques quasi impossibles, et la vie des ménages très difficile », regrette le maire Mor Mbaye Samb, par ailleurs, ancien président de la communauté rurale.
Située de part et d’autre des routes départementales qui desservent Linguère et la commune de Keur Momar, la commune de Pété Ouarack n’est possible d’accès que par trois pistes latéritiques très cahoteuses qui rendent la mobilité pénible.
Pour l’édile, « le premier obstacle au développement de notre localité est lié à son accès difficile qui annihile toute possibilité d’investissement et de pratiques d’activités économiques par les populations ».
Une situation qui rend la vie des ménages difficile. Ces derniers sont ainsi obligés de se rabattre sur les localités voisines pour s’approvisionner. En effet, cette collectivité territoriale du département de Louga ne dispose pas d’un marché hebdomadaire, un cadre d’échange commercial qui pourrait booster l’économie locale, comme dans plusieurs localités de la circonscription administrative.
« Nous avons tenté plusieurs fois de mettre en place un lieu hebdomadaire de commerce dans la commune, mais nos tentatives ont toutes échoué, car l’accès est difficile. Ce qui isole Pété Ouarack des autres centres d’échanges commerciaux du département de Louga », se désole le maire.
Pourtant, selon Mor Mbaye Samb, « l’aménagement de voies d’accès praticables, en plus de développer les activités économiques locales, faciliterait la liaison entre la région de Diourbel et le département de Louga ». Il a souligné qu’un raccourci via la commune de Pété Ouarack, qui est dans une position géographique très stratégique, pourrait permettre de désenclaver la zone et d’offrir des opportunités réelles aux populations.
Problème de l’accès à l’eau potable
La commune de Pété Ouarack est dotée d’un seul forage d’une faible capacité. Ce dernier alimente 25 villages avec de l’eau salinisée peu propice au maraîchage et à d’autres activités génératrices de revenus.
Une situation que déplore l’édile de la commune : « Nos ménages ne peuvent développer aucune activité économique rentable du fait de la mauvaise qualité de l’eau qui ne satisfait ni les éleveurs ni les agriculteurs ». Idem pour les populations qui, elles aussi, sont obligées d’arpenter les mauvaises pistes pour aller s’approvisionner en eau de qualité à Keur Momar Sarr, déplore le maire.
Pourtant, explique Mor Mbaye Samb, la conduite du Lac de Guiers n’est distante que de six kilomètres de Pété Ouarack, et son raccordement au réseau serait une solution définitive au problème d’eau.
Les projets de développement anéantis
Selon El hadji Dieng, gestionnaire du forage de la commune, les difficultés de Pété Ouarack sont de deux ordres. « D’abord, notre économie est quasi inexistante, car le difficile accès à la zone décourage beaucoup d’investisseurs locaux. Ensuite, les évacuations sanitaires, surtout chez les femmes, sont difficiles avec l’état de la piste ».
Pire, déplore El Hadji Dieng, la confection des actes d’état civil à Coki, chef-lieu d’arrondissement ou à Louga, constitue un casse-tête pour les populations obligées de faire la navette dans des conditions difficiles.
Tout en déplorant la mauvaise qualité de l’eau avec un seul forage construit en 1989 et les difficultés à satisfaire la demande croissante, El Hadji Dieng pense que le bitumage de l’axe reliant Keur Madialé à Ouarack serait une solution pour désenclaver la commune de Pété Ouarack.
La situation est difficilement vécue par les femmes de la commune qui, pour leur approvisionnement, se rabattent sur le marché hebdomadaire de Gouye Mbeutt, les lundis.
Mme Ndiémé Fall, présidente de l’Union des groupements de femmes de Pété Ouarack, a souligné : « L’enclavement de la commune a anéanti tous nos projets de développement, car il est impossible de dérouler des activités avec ce problème qui nous isole du reste du département de Louga ».
Plus explicite, Mme Fall déplore l’impossibilité, pour les femmes, de faire du maraîchage ou des cultures de contresaison.
Pour elle, ses sœurs sont réduites aux cultures d’arachide et de niébé. Durant deux mois, se désole-t-elle : « On reste toute l’année sans activité du fait de la mauvaise qualité de l’eau qui ne permet pas d’exploiter les autres cultures ». Elle invite les pouvoirs publics à désenclaver la commune, afin de permettre aux femmes de développer leurs activités et de ne plus dépendre des marchés hebdomadaires pour s’approvisionner correctement.
Le premier adjoint au maire de la commune de Pété Ouarack embouche la même trompette.
Mamadou Wélé rappelle que les programmes agricoles sont restés à l’état de projet, car les exploitants locaux ne veulent pas s’aventurer à investir dans une zone d’accès difficile, avec une qualité de l’eau qui laisse à désirer.
Selon lui, si les axes routiers qui relient la commune aux routes départementales étaient bitumés, et les conduites du Lac de Guiers accessibles, cela permettrait à Pété Ouarack d’entrevoir le développement par des activités agricoles. Autant de facteurs qui rythment la vie difficile des populations des 25 villages de la commune de Pété Ouarack qui invitent les pouvoirs publics à aider au désenclavement de la zone. Cela passe par l’aménagement de routes praticables et d’un forage supplémentaire. Ce qui permettrait de donner un souffle à cette commune du département de Louga en proie à d’énormes difficultés.
Khalif Aboubacar WÉLÉ (correspondant)