Le classement de Ngor parmi les plus belles baies du monde ne surprend pas Oumar Samba dit Pape, président de l’association des pêcheurs de Ngor. Né dans le village et y ayant grandi, il a vu la baie quand elle était resplendissante de beauté, avec son sable si fin, bien blanc ; une baie sans bateaux, sans déchets. A l’époque, explique-t-il, on pouvait voir le fond de la mer avec l’eau très claire. Les touristes qui venaient à l’époque le trouvaient magnifique, l’adoraient. Tout le contraire de ce qu’elle est devenue aujourd’hui. « Il y a un peu de difficulté qu’on commence à rencontrer, surtout avec le grand canal qui déverse les eaux usées ; ce qui crée une pollution énorme et c’est parfois une pollution chimique qui, quand elle atteint les roches, tue beaucoup de petites espèces », explique-t-il. Aux problèmes d’assainissement s’ajoute le nombre excessif de bateaux qui stationnent dans la baie. Avant, on voyait une espèce d’algue appelée posidonie, qui purifiait l’eau. Aujourd’hui, il y en a de moins en moins. Donc, il y a un impact quelque peu négatif des hommes. « Tout l’écosystème est déréglé à cause de cette pollution, de ces saletés, des sacs, des tissus et les gens ne s’en rendent pas compte. Pendant le froid, le sable a tendance à remonter sur la plage. On avait plus de sable, mais en juin, le sable descend et va dans l’eau et la baie devient moins profonde », déplore-t-il. Les constructions portent un sacré coup à la baie. « Certains jettent les gravats dans l’eau, d’autres essaient d’agrandir leurs maisons et rentrent un peu dans l’océan. Cela dénature un peu la structure et cela change les courants marins et ça a un impact sur le sable et la plage », renseigne Oumar Samba. Il estime que la baie de Ngor ne peut plus retrouver sa beauté d’antan. Cependant, indique-t-il, les impacts peuvent être réduits. « Il faut interdire toutes les constructions qui entrent dans la mer parce qu’il y a une loi qui interdit d’être trop près, pour protéger la baie ; interdire de jeter les ordures dans l’eau, parce que le plastique, ça fait mal dehors mais ça fait plus mal dans l’eau. Une fois étalé sur le fond de mer, il empêche les algues de pousser. C’est pour cette raison qu’il tue autant dehors qu’à l’intérieur et noircit même le sable », dit-il. Être classé parmi les merveilles maritimes du monde apporte une plus grande visibilité à la baie de Ngor, estime Alassane Sambe, acteur économique qui fréquente l’île depuis plus de trois décennies. Le gérant de la fondation « Yadikoone » dit ne pas être surpris par cette distinction. C’est le travail de longue haleine de l’association des amis de l’île, de l’équipe municipale et de différents acteurs. « Cette distinction va davantage attirer les touristes, curieux de découvrir ce joyau. C’est pour cela qu’il faut continuer le travail de sensibilisation sur la préservation de cette baie pour qu’elle puisse garder longtemps ce label international et rester une destination de choix des touristes », indique Alassane Sambe.
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Mbaye Seck, jeune entrepreneur et fabricant de bateaux et de pirogues en fibre de verre est du même avis. « On fait partie des plus belles baies, mais le plus difficile, c’est d’assurer le suivi, en nettoyant les fonds marins, les plages, en aménageant la baie », indique-t-il. Améliorer les conditions de traversée reste, selon lui, le défi du Regroupement des transporteurs de l’île de Ngor (Rtin). Et le jeune entrepreneur compte bien innover en créant d’autres bateaux plus confortables pour assurer aux visiteurs une traversée en toute sécurité.
Samba Oumar FALL