Yoff est l’un des ports de pêche traditionnels les plus importants du Sénégal. La pêche et ses activités annexes constituent la base de l’économie du village traditionnel. Ainsi, la dégradation du milieu marin va forcément constituer un frein à la marche de l’économie de la commune dont la pratique d’activités de pêche est érigée en religion chez les jeunes.
« Yoff bénéficiait d’un excellent environnement marin. Mais on constate que ce milieu est envahi par le phénomène des ordures. L’environnement marin nous fournit du poisson et pas mal de ressources naturelles qui sont bénéfiques à la survie de l’être humain. Avec les ordures jetées en son sein, les poissons vont migrer vers d’autres sites où il fera bon vivre. Le cas de Yoff en est une parfaite illustration.
Par conséquent, nos pêcheurs vont faire des kilomètres pour atteindre les poissons. Bref, les ordures pourrissent l’environnement marin », fait remarquer Ibrahima Sylla, environnementaliste formé à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. Il constate avec regret « la mort lente » du secteur de la pêche. Parmi les principaux acteurs qui pâtissent de ce malheureux phénomène, les pêcheurs de Yoff observent impuissamment la destruction de leur milieu. Habitant lui aussi au bord de la mer, Khadim Diouf, pêcheur depuis une quinzaine d’années, explique avec regret les difficultés auxquelles ils font face pour trouver le poisson.
« Vous savez, la mer peut être comparée à une maison. Les poissons qui y vivent ont besoin d’un environnement sain. Sinon, ils vont déserter le milieu pour aller migrer vers d’autres océans qui offrent la salubrité », explique-t-il. Le jeune pêcheur regrette « l’indiscipline érigée en règle » dans la commune. « On jette des ordures sur le littoral. Certains creusent même des trous pour y mettre leurs détritus. En fait, les gens ne savent pas que le sol vit. En y déposant des déchets, il peut pourrir. Nous, les pêcheurs, organisons parfois des séances de nettoyage de la mer », ajoute M. Diouf.
Fort de son expérience dans le secteur, il étale amèrement les conséquences qui impactent les « chasseurs de poissons » : « Comme les côtes de Yoff sont quasiment vides en poissons, nous sommes parfois obligés d’aller jusqu’à Joal pour pêcher. En quittant ce village, nous parcourons 76 km en mer ; parfois 105 km. Vous voyez comme c’est loin. » Khadim Diouf se désole de la déchéance du littoral de Yoff et cite comme exemple la plage de Cayar. Il souligne que beaucoup d’espèces de poissons ont quitté cette zone depuis longtemps.
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B. G. DIOP