Installé hier pour un mandat de 4 ans comme Haut-commissaire de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Gambie (Omvg), le Gambien Demba Jallow fait du redémarrage des travaux du barrage de Sambangalou une priorité. À l’arrêt depuis des mois, le projet réalisé dans le département de Kédougou a fait l’objet d’un audit qui sera partagé ce samedi par les ministres de l’Hydraulique des 4 pays membres : Gambie, République de Guinée, Guinée-Bissau et Sénégal.
Malgré 118 millions d’euros (plus de 78 milliards de FCfa) investis pour l’achat d’équipements, les travaux du barrage hydroélectrique de Sambangalou démarrés le 26 septembre 2022, sont à un taux de réalisation de 31,4 %. Alors que le chantier est à l’arrêt, Demba Jallow, nouveau Haut-commissaire de l’Organisation pour la mise en œuvre en valeur du fleuve Gambie (Omvg) fait du redémarrage du chantier une priorité. « C’est un projet qui a une dimension d’intégration de 4 pays (Gambie, Guinée, Guinée Bissau et Sénégal) et nous le suivons de près », a-t-il indiqué, hier, lors de son installation, à Dakar pour un mandat de 4 ans à la tête de l’Omvg.
Pour cet ouvrage, situé dans la commune de Fongolimbi (département de Kédougou), le Sénégal a marqué son accord pour porter le financement d’une partie de la phase 1 et la construction de l’ouvrage pour un total d’environ 500 millions euros, soit 327,9 milliards de FCfa. L’infrastructure est attendue pour une production d’énergie annuelle de 394,3 gigawattheures avec une puissance installée de 128 mégawatts.
Elle a des objectifs d’intérêt public notamment l’irrigation de 90.000 hectares de terres agricoles dans le bassin versant du fleuve Gambie, la régulation des débits du fleuve, la réduction des inondations en aval et la fourniture d’eau potable aux localités avoisinantes. « La réalisation de cette importante infrastructure hydroélectrique, la première de notre organisation, connait cependant des difficultés liées à un arrêt unilatéral des travaux par l’entreprise Vinci, membre du groupement constructeur pendant que son partenaire Andritz a poursuivi et achevé une partie des travaux », a déploré El Hadji Lansana Fofana, Haut-commissaire sortant de l’Omvg, en poste depuis 2016. D’après M. Fofana, cette situation pourrait impacter « aussi bien l’Omvg que les populations riveraines, notamment celles situées dans les localités à déplacer qui se trouvent dans une incertitude totale concernant ce chantier, les obligeant à cesser toute action importante de développement socio-économique sur les sites actuels ». Le Guinéen estime qu’avec le retard accusé, la commercialisation de l’énergie de Sambangalou « pourrait être compromise par l’augmentation du coût du kilowattheure produit, conséquence directe de l’accroissement du coût du projet impactant négativement la rentabilité financière ».
Le Conseil des ministres de l’Omvg se penche sur les résultats de l’audit
En vue de surmonter les difficultés et permettre une reprise définitive et durable des travaux du barrage de Sambangalou, le Conseil des ministres de l’Omvg a instruit le Haut-Commissariat, lors de sa 50e session tenue le 29 octobre 2024 à Banjul, à engager un audit interne du projet pour identifier les difficultés. Le but est de situer toutes les responsabilités des parties prenantes afin de proposer des mesures correctives et des solutions en vue de la relance des travaux dudit projet. Ce samedi, 8 mars 2025, les résultats seront livrés au cours de la 13e session extraordinaire du Conseil des ministres de l’Omvg. « Les ministres des 4 pays vont donner les directives et orientations sur les résultats de l’audit », a indiqué Ousmane Hane, secrétaire général de l’Omvg. Une visite sur le chantier est prévue demain à partir de 9 heures.
Babacar Guèye DIOP