CHUTES D’EAU DE DINDÉFELLO, DIMBOLI, SÉGOU

Des merveilles à l’état sauvage

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Dindéfelo, Ségou, Inguili, Fongolimbi. Ces localités de la région de Kédougou, évoquant souvent l’éloignement dans la compréhension populaire des Sénégalais, renferment des merveilles de la nature. Elles ont en commun d’abriter des chutes ou cascades dont la plus connue est Dindéfelo. Elles méritent le détour et d’être mises en valeur.

 

L’eau est froide et n’invite point à la baignade en ce début d’hiver. Les chutes rompent le silence des lieux perceptibles comme une caverne. Les roches noirâtres sont aussi dans les eaux et il faut y aller doucement pour ne pas trop les heurter. Le guide du jour, Aliou, indique le chemin à choisir pour ne pas trop les heurter. « Il faut prendre le milieu et éviter la droite et la gauche », invite-t-il. Mais aussi s’écarter des endroits profonds de cette piscine naturelle, merveille divine. Une fois les premiers frissons ressentis, le visiteur se sent à l’aise et peut se donner à cœur joie dans la baignade. D’autant plus que les lieux sont déserts malgré leur renommée. Les cascades de Dindéfelo ont fini par prendre le dessus sur toutes les autres richesses touristiques de la zone. Elles constituent une véritable attraction dont tout le monde a entendu parler et voudrait visiter.

Elles sont les plus connues des nombreuses cascades qui existent dans la zone. Et ses eaux ruissellent, de la source, toute l’année. Ce qui n’est pas le cas des autres chutes d’eau. Les cascades de Dindéfelo, hautes d’environ 100 mètres, offrent un spectacle impressionnant. L’eau cristalline s’écoule au milieu d’une végétation luxuriante, formant une piscine naturelle à la base où les visiteurs peuvent se rafraîchir. La cascade est accessible après une randonnée d’environ 30 minutes à travers une forêt dense sur deux kilomètres depuis le village où l’on peut observer des singes, des oiseaux et une flore diversifiée. Sur le passage se dressent roches, arbres et arbustes. Le chemin est un peu déblayé, mais la prudence doit être de mise. L’odeur de la flore embaume les lieux et les nombreuses variétés d’arbres et d’herbes sont un véritable joyau pour les amoureux de la nature, de la pharmacopée ou encore de naturelles sensations.

 

Accès très difficile

 

« Découverte » officiellement en 1975 alors que feu Tidiane Ly était le gouverneur de Tamba (Ndlr : également ancien gouverneur de la région de Dakar), la cascade attire toujours. À l’époque, le gouverneur, accompagné du préfet de Kédougou, du sous-préfet de Bandafassi et de tous les chefs de service régionaux, entrepris d’y aller, relate Balla Touré, orginaire de Dindéfelo et homme aux multiples casquettes. « Il faut dire que les chutes ont toujours existé et les villageois l’utilisaient pour la baignade et la purification, et même la purification des circoncis. Seuls les missionnaires qui partaient en pays bassari venaient la visiter.

Informée, l’autorité administrative entreprit de venir la visiter avec une forte délégation. Les villageois les avaient prévenus de se taire une fois sur les lieux, vu que des abeilles mystiques étaient présentes sur les lieux. Ils n’ont pas suivi les conseils et les abeilles les attaquèrent. Ils prirent leurs jambes à leur cou, délaissant leurs chaussures sur place. Ce sont les jeunes du village qui partirent les reprendre. Les abeilles quittèrent les lieux au début des années 1980», explique Ballo Touré, très fécond en anecdotes. De taille plus petite, les chutes de Dimboli, très difficile d’accès à partir du village de Kafori, présentent le même relief que celles de Dindéfelo. Elles sont plus vastes et la faiblesse de la crue, après l’hivernage, n’empêche pas les eaux de parcourir et de pénétrer les moindres recoins de la zone. Une petite mare se forme à quelques mètres de l’endroit où tombent les eaux. Au grand bonheur des deux pêcheurs trouvés sur place : Saibo Niakhasso et Sadio Samoura.

Ces deux « diakhanké » expliquent que l’endroit peut être « très poissonneux et donner de quoi préparer un bon repas ». La prise n’est pas encore bonne. Ils se concentrent dans le silence pour mieux apprivoiser les poissons. Ne comprenant ni le wolof ni le français et au pulaar approximatif, la discussion se révèle difficile avec les deux adultes qui habitent dans des villages voisins. Réputées très belles en saison des pluies, les cascades de Dimboli souffrent, comme d’autres, nombreuses dans la zone, d’une méconnaissance et d’un accès très difficile. La piste latéritique de 23 kilomètres qui sépare la route principale de Dindéfelo est plus pratique que cette route plus que difficile et hostile reliant Kédougou à Dimboli en bifurquant sur la gauche de la route de Fongolembi.

Le havre des chasseurs au pied de la montagne

Le village de Dindéfelo, à l’allure d’une ville qui pousse à grandes enjambées présentement, aurait été codifié en 1921 d’après Ballo Touré. Ce dernier date la création du village à des années en arrière. Il porterait d’ailleurs auparavant le nom de Houssira. Le premier habitant serait Dian Pathé Traoré, un vieux chasseur, vu « qu’il y avait beaucoup de gibiers », selon M. Touré.

La nouvelle appellation semble plus appropriée, le village est au pied de la célèbre montagne (signification du nom en pulaar). Le vieux Ballo Touré, tenant également un campement pour les visiteurs, semble bien maîtriser l’histoire du village. Il dénombre les différents chefs de village tout en s’appesantissant sur le deuxième : Amadou Diallo. Ce dernier a refusé, dans les années 1950, de donner sa «fille à la beauté époustouflante au sous-préfet de Bandafassi sous prétexte que celui-ci n’est pas circoncis ». Le chef téméraire est convoqué à Bandafassi où il réitère son refus au sous-préfet blanc. La sentence sera d’un mois de prison qu’il purge sur place.

À son retour au village, il abandonne la chefferie et se réfugie sur la montagne, au village de Dandé. Dindéfelo est un des « plus beaux villages du Sénégal », selon M. Touré qui regrette que le chef-lieu de commune soit dépourvu d’électricité, d’eau courante et que la piste pour l’atteindre ne soit pas encore goudronnée.

Par Ibrahima Khaliloulah NDIAYE

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