Confrontée à des difficultés organisationnelles et financières, la Grande muraille verte, projet de reboisement de Dakar à Djibouti, est en phase d’audit. L’annonce a été faite par les 11 États membres réunis à Dakar pour donner un nouvel élan à cette initiative.
Réunis à Dakar 5 au 7 février 2025, les 11 États membres diagnostiquent actuellement l’initiative de la Grande muraille verte. C’est la principale conclusion de la cérémonie d’ouverture de la rencontre extraordinaire ministérielle de la Grande muraille verte. Lancé en 2007, ce projet panafricain est déroulé dans 11 pays du Sahel, de l’Afrique du Nord et de la Corne de l’Afrique. Le but est de lutter contre la désertification et le changement climatique. S’il a fait du chemin, a souligné Daouda Ngom, ministre de l’Environnement et de la Transition écologique, le projet fait face à des « incertitudes qui ont valu la nécessité de procéder à un audit institutionnel et organisationnel pour tenter d’ouvrir de meilleures perspectives ».
Financé par la Banque africaine de développement (Bad) pour renforcer l’efficacité, la transparence et la bonne gouvernance dans les structures qui gouvernent l’initiative, le projet de la Grande muraille verte visait initialement à planter une bande d’arbres de 15 kilomètres de largeur de Dakar à Djibouti pour faire face à l’avancée du désert. « Il est essentiel d’auditer ce projet pour repartir de l’avant. Il s’agit de voir ce qui a été fait pour l’améliorer et bien identifier les difficultés pour y apporter des réponses concrètes de la part des États », a déclaré Abubakar Saleh, directeur général de la Grande muraille verte du Nigeria.
En tous les cas, les recommandations qui découleront de la réunion seront « essentielles pour renforcer l’impact de nos actions face aux défis environnementaux et socio-économiques de notre région », a considéré Sékouna Diatta, directeur général de l’Agence sénégalaise de la reforestation et de la Grande muraille verte (Asergmv). Pour Daouda Ngom, les experts ont révélé que le projet a besoin de niches stratégiques permettant d’optimiser les services de l’Agence panafricaine de la Grande muraille verte. Le ministre sénégalais de l’Environnement appelle aussi à la reformulation des mandats pour garantir une meilleure clarté et un alignement institutionnel pour l’agence mère et les structures nationales.
M. Ngom veut également un nouveau schéma institutionnel en vue de répondre aux exigences modernes de gouvernance et de performance. Enfin, le ministre a proposé un mode de financement durable incluant les propositions des États membres, des partenaires techniques et financiers et des initiatives privées. « Ces propositions et recommandations vont permettre de surmonter les faiblesses organisationnelles notées afin de mieux mobiliser les ressources humaines et financières nécessaires à la mise en œuvre de cette ambitieuse initiative », a noté le ministre.
La Gambie et la Somalie demandent leur intégration
Malgré d’innombrables faiblesses constatées par les États membres, l’initiative de la Grande muraille verte est un exemple pour certains pays. Hier, lors de l’ouverture de la rencontre extraordinaire ministérielle, Abubakar Saleh, directeur de l’agence nigériane de la Grande muraille verte, a informé que la Gambie et la Somalie veulent intégrer le projet. Par conséquent, il a fait savoir que ces demandes, formulées par écrit, seront examinées par la Conférence des chefs d’État et de gouvernement des pays membres lors d’un sommet.
Babacar Guèye DIOP