En 2015, le gouvernement comptait appliquer, dans « toute sa rigueur », la loi sur l’utilisation des déchets plastiques. 10 ans après, et alors que le thème de la Journée mondiale de l’environnement de cette année est consacré à la pollution plastique, le constat sur le terrain montre une omniprésence de cette matière.
Malgré la Loi 2015-19 du 4 mai 2015, relative à la production, à l’importation, à la détention, à la distribution, à l’utilisation de sachets plastiques, cette matière continue d’être omniprésente dans la société avec son lot de dangers. En application depuis janvier 2016, cette loi n’a pas, depuis, produit l’effet escompté, alors que le thème de la Journée mondiale de l’environnement de ce 5 juin 2025 porte sur la pollution plastique. À la plage de la Bceao de Yoff, le sable est souillé de sachets d’eau que les baigneurs et usagers jettent avec insouciance.
À côté de ces ordures, foisonnent des vendeuses de poisson. Peu soucieuses des dangers que posent leurs résidus sur la mer, elles font la course aux clients. Devant sa table, Amy Diakhaté entrepose jus locaux, boissons gazeuses et canettes. La trentenaire n’a que faire de la loi sur le plastique. « Ah bon, cette loi existe », sourit-elle, plus occupée à séduire les clients que d’entamer une conservation de ce type. « Je vends une bouteille de jus locaux à 300 FCfa, tandis que les boissons gazeuses et les canettes s’échangent à 500 FCfa. J’achète ces bouteilles vides à 25 FCfa l’unité chez un fournisseur qui travaille à la Sonaged », expose-t-elle.
D’après Mme Diakhaté, mère de 2 enfants, les questions d’environnement viennent après les aspects économiques. « Je n’ai que ça pour vivre. On parle de la pollution plastique, mais ce n’est pas moi qui fabrique ces bouteilles. Comme elles sont sur le marché, je les réutilise », a-t-elle ajouté. Sur le littoral, les rafales des vagues s’écrasent sur les tas de déchets qui salissent l’eau. C’est un cocktail d’impuretés qui pollue l’environnement peuplé de férus de la baignade, ce samedi 24 mai 2025.
Dans la région de Dakar, les estimations du ministère de l’Environnement et de la Transition écologique chiffrent à 1.500 tonnes le potentiel journalier en production de déchets solides urbains. Autrement dit, il s’agit d’un tonnage de 99.700 tonnes par an dont les emballages plastiques représentent 78%. Conséquences sanitaires Le ministère note également une augmentation relative de près de 15% des déchets plastiques en 15 ans, due au mode de consommation. « Il n’y a pas de volonté politique de combattre ce péril plastique », déplore Eumeu Loum, vendeur de « café Touba » à la plage de la Bceao.
Le « Baye Fall » de 27 ans, dreadlocks assez garnis, utilise des gobelets en papier pour vendre son produit très prisé dans cette partie de la Grande côte dakaroise. « Le sol est devenu pourri. Le plastique est un objet qui n’est pas biodégradable. Si on le jette dans la mer, il ne se dégrade pas. Et si le poisson le mange, cela peut créer des conséquences sur les populations qui le consomment », alerte Ibrahima Ngom, président du Club environnement de Yoff.
Les impacts sanitaires liés aux déchets plastiques ne sont nullement négligeables. D’après des spécialistes, le brulage des sachets plastiques dont la matière première est d’origine fossile, comme la combustion du bois et du pétrole, entraîne la production de polluants organiques persistants ou Pop (dioxine et furane) qui provoquent le cancer, l’irritation des yeux et des maladies cardiovasculaires et respiratoires. De plus, les sachets plastiques servent de poche de prolifération des vecteurs de maladies, les moustiques en particulier.
Babacar Gueye DIOP