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[Reportage] Le jardinage en ville : Entre décoration, reboisement et thérapie

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Le jardinage, cet art agricole bien connu des grandes villes, n’échappe pas à la capitale sénégalaise. De l’avenue Bourguiba au Boulevard Aliou Ardo Sow, des professionnels des plantes nous font part de leur activité qui respire et qui fait respirer.

Le jardinage est de plus en plus récurrent en ville. Partout à Dakar, il est fréquent de voir des jardiniers installés comme ici entre les murs de l’Ecole nationale de police et l’Ecole normale supérieure de Dakar. Cette route menant vers l’avenue Bourguiba est bordée de verdure. Devant ce jardin, des cocotiers de grande taille captent l’attention des passants tout au long du mur de l’Ecole de police. Sous une chaleur matinale, Abdoulaye Sène est en train d’arroser ses plantes. Il explique son quotidien. « Chaque matin je commence d’abord par arroser avant que le soleil ne soit au zénith ».

Le jardin d’Abdoulaye est un large étendu de verdure, on dirait un véritable verger.  Des plantes de toutes tailles allant de la pépinière au véritable ligneux qui ont presque atteint leur maturité.

« C’est un travail acharné pour arriver à ce niveau », murmure Diomaye Sène, frère d’Abdoulaye qui était derrière le feuillage des palmiers. Selon lui, il existe plusieurs méthodes pour faire pousser une plante selon l’espèce. « On peut faire le semence, le bouturage ou le marcottage. A part les cocotiers et certains palmiers qui nous viennent de la Côte d’Ivoire, toutes les autres espèces nous les plantons ici ». Pour M. Sène il n’est pas nouveau d’importer des plantes. Il soutient que « une plante n’a pas de prix, sa valeur dépend de sa qualité, de son niveau de développement et le besoin du client ». Dans ce jardin, les prix des plantes varient de 1000 Fcfa  à plus de 100 milles Fcfa. Selon Abdoulaye Sène, certaines plantes comme le palmier royal de décoration et les cocotiers peuvent atteindre des prix élevés «  100 milles à 150 milles voire plus ».

Ces plantes sont souvent destinées à des décorations des espaces verts, des villas de luxe ou pour végétaliser certains locaux des institutions (grandes écoles, ambassades, ministères, entreprises…) Pour l’acquisition de l’espace de son jardin Diomaye Sène évoque ses relations avec l’administration de l’école de police dont le mur sert d’arrière-plan au jardin.

« C’est à partir de mes bonnes relations avec l’administration de l’école qu’ils m’ont donné l’autorisation de s’installer ici. Je travaillais pour eux dans les jardins de l’école, j’assurais l’entretien du gazon. C’est delà qu’ils ont eu confiance en moi et m’ont permis d’ériger en jardin cette partie pour la valoriser. Auparavant, c’était un dépotoir d’ordures et des occupations anarchiques maintenant le décor est accueillant c’est pour cela qu’on nous a donné ici. On ne paie absolument rien. Raconte-t-il tout en faisant des vas et viens avec son arrosoir.

Un décor luxuriant dans la ville

En face du jardin des frères Sène, s’étale une autre verdure aux grillages de fortune couverts par des espèces comme des reptiles géants qui cachent son gérant à l’intérieur. Au milieu de cette luxuriante verdure, Abdou Diouf, un jeune homme dans la trentaine à la barbe bien entretenu et une longue chevelure bien dressée. En dehors de l’aspect pécuniaire ce jeune homme est un  passionné de la botanie car ayant fait l’agroforesterie à université Sine Saloum. Ainsi, il  explique les besoin de son jardin : « Pour l’entretien des plantes, on a besoin d’un sol fertile, de l’eau et du terreau plus de la fumée. Le terreau est assez cher nous achetons le camion à 60 mille Fcfa. Un autre problème ce sont les factures d’eau, elles sont très chères », confie-t-il.

Concernant les plantes de son jardin, M. Diouf nous liste une multitude d’espèces que sont : le Sapin, Araucaria Thuyas qui peuvent servir de déco intérieur. Les Épines, le thé urus,  les Lauriers  et les Clayous embellissent les décorations extérieures.  Entre autre plante  «  nous avons le palmier royal, la Feuille de glace, le Baobab chacal et des arbres fruitiers comme les Cocotiers, les Oranger, les Manguiers, les pommiers, les citronniers… » Dit-il. Le Jardin de Modou Diouf est saturé de plantes. Selon lui, les clients se font rares en cette période d’hivernage. Notre interlocuteur nous parle de la multiplication des plantes qui ne sont pas originaires du milieu tropical. La technique de marcottage est souvent utilisée pour multiplier des fleurs d’origine polaire ou asiatique. Cette technique consiste a « enlever une partie de l’écorce, le remplacer avec du « sable digne » (sable dépourvu de sel) et l’attacher avec des sachets plastiques.

Au bout de quelques temps les racines vont émerger et les tiges s’en suivent. » M. Diouf lance un appel pour la revalorisation du reboisement des arbres car selon lui cela lutte contre les gaz à effet de serre et participent à la purification de l’atmosphère. Par le biais du jardinage Abdou Diouf met en pratique ses compétences acquises dans le milieu académique. « En étant ici nous gagnons de l’expérience, nous appliquons nos cours, par exemple j’ai appris qu’à l’ombre certains plantes ne fleurissent pas ». Témoigne-t-il.

Il est presque 11h, les rayons solaires sont d’une rare violence. Cap sur la Vdn. Au Boulevard Aliou Ardo Sow vers, la droite, se dessine un paysage forestier. Des jardins jalonnent la route comme des espaces publics. Selon les gérants, c’est grâce à la complicité de L’Ageroute qu’ils ont acquis cet espace Urbain en échange de le valoriser en termes de verdure. Cela profite à tous les deux parties.

Le palmier royal, une plante très chère

Dans ce jardin aux pépinières bien garnis avec des allées dégagées dans le feuillage digne des  sentiers de la brousse, Aliou Sow dévoile les activités auxquelles s’adonnent  les professionnels du jardinage en dehors de leur « champs ». «  Des fois on nous fait appeler dans les maisons pour entretenir des jardins familiaux ou des parkings, ces activités nous permettent de gagner de l’argent car ce n’est pas tout le temps que nous vendons nos plantes ». Explique-t-il à voix basse. «  Les ventes deviennent de plus en plus rare avec la saison des pluies ce qui nous met en difficulté pour payer nos factures d’eau. Notre problème principal c’est la cherté de l’eau », se désole t-il.

Pape Diouf voisin de Aliou Sow, trouvé juste devant son jardin le pèle à main, le dos courbé, le t-shirt mouillé de sueurs : « je décharge du compost que j’utilise dans mon jardin. Ce produit nous vient des filaos » M. Diouf embouche la même trompette que ces paires « en période d’hivernage les clients se font rares et nous avons des difficultés pour payer les factures d’eau.  J’ai payé des factures de 100 à 200 milles Fcfa ». Entre autres problèmes, Pape Diouf dit être confronté à des cas de vols « il y a quelques jours, on m’a volé une dizaine de pieds de l’espèce thuyas, c’est vraiment écœurant ». Il lance ainsi un appel aux autorités de mieux considérer le métier de jardinage car, selon lui, il contribue en grande partie à l’aménagement urbain. Quelques pas après cette chaîne de verdure à côté du siège de PDS des palmiers areca géants dominent le décor.

Dans ce « verger », deux hommes entretiennent une discussion assez tendue. C’est un jardinier et un client revendeur qui est venu se ravitailler des plantes qui se disputent de l’identité d’une plante. Finalement les deux collègues se sont départagés par l’application Plantnet, une application spécialisée dans l’identification des espèces végétales. Idrissa Goudiaby, le propriétaire du jardin, est un spécialiste des plantes thérapeutiques. M. Goudiaby souligne que les périodes pendant lesquelles ils sont le plus sollicités sont les périodes de fêtes. « Les périodes où notre activité marche le plus c’est pendant les fêtes de Noël et de Toussaint etc.,  nos frères chrétiens viennent se procurer beaucoup de fleurs pendant cette période ». M. Idrissa confirme que les clients ne sont pas réguliers. « En une journée tu peux vendre une valeur de 3 mois, tu peux rester également une semaine ou plus sans vendre ».

Notre interlocuteur s’active aussi dans la vente des plantes médicinales comme le Nonie, le Moringa olifera « reverdie ou saap saap ». Selon lui beaucoup de personnes viennent le voir sur recommandation médicale. Il réitère la plaidoirie pour la disponibilité de l’eau à bon prix. « On n’est pas obligé d’utiliser l’eau des robinets, on peut nous faire des forages ou bien de l’eau recyclée apte à arroser ». Réclame-t-il.

Thierno NDIAYE (stagiaire)

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