Cette année, des dizaines de personnes ont péri par noyade, un phénomène qui met en évidence, dans une certaine mesure, l’impuissance des différents acteurs à trouver une solution durable. Bacary Gadiaga, maître-nageur et président de l’association Étoile bleue, attire l’attention des autorités sur la nécessité de doter les maîtres-nageurs d’équipements de qualité pour assurer une meilleure surveillance des plages.
En période de grandes vacances, les plages connaissent une forte affluence, entraînant une multiplication des cas de noyade. Le nombre de décès au Sénégal devient ainsi alarmant. D’après Ibrahima Sall, président de l’Association nationale des maîtres-nageurs du Sénégal, 43 personnes ont perdu la vie en juillet dernier et 13 autres au cours de la première moitié du mois d’août, portant le bilan à 56 morts au total. Selon lui, malgré la mise en place d’un dispositif de veille et de contrôle, la surveillance des plages reste insuffisante.
Bacary Gadiaga, également président de l’association Étoile bleue – une brigade de surveillance – estime que le véritable problème réside dans la sécurisation des plages. Selon lui, les maîtres-nageurs manquent d’équipements adaptés et modernes pour accomplir efficacement leur mission de contrôle et de veille. À la plage de Malika, où sa brigade intervient le plus souvent, il souligne que les cas de noyade ont fortement diminué depuis l’installation de cette équipe composée de plusieurs maîtres-nageurs. « La surveillance des plages est le parent pauvre. Nous n’avons pas les moyens nécessaires et travaillons souvent bénévolement. Pour intervenir en milieu nautique, il faut des équipements sophistiqués, conformes aux standards internationaux. Avec cela, les maîtres-nageurs pourraient jouer un rôle majeur dans la diminution des noyades. C’est possible », affirme-t-il.
Face à l’ampleur des noyades, cette année, M. Gadiaga estime qu’il est urgent que l’État prenne ses responsabilités et crée une structure exclusivement dédiée à la gestion des plages. « La surveillance de nos plages nécessite une gestion concertée. Pour cela, l’État doit mettre en place un cadre permettant à tous les acteurs de se réunir. Mais surtout, il faut renforcer la formation des maîtres-nageurs et développer une communication efficace pour sensibiliser davantage sur les risques», plaide-t-il.
Il souligne également que l’urbanisation non maîtrisée de la banlieue, avec la disparition progressive de la bande de filaos, facilite l’accès à la plage, malgré les interdictions de baignade. « À cause de la déforestation de la bande des filaos, de nouvelles plages se sont créées, comme celles de Gadaye, de Socabeg et du Lac Rose, alors qu’auparavant, seule la plage de Malika existait », rappelle-t-il.
Bada MBATHIE