Figure connue qui travaille pour le développement de Tivaouane, Ndeye Astou Mbaye veut substituer le charbon bio à celui de bois utilisé par les femmes lors de la cuisson. Petit à petit, cette dame à la fibre très écolo mène la sensibilisation pour que les femmes utilisent cette ressource faite en coques d’arachide pour générer emplois et revenus.
Corniche de Tivaouane. Rendez-vous était pris avec Ndeye Astou Mbaye pour des échanges autour de ses passions. Cette dernière, 50 piges à son actif, est une battante, de taille assez élancée, teint ébène, investie dans le développement local. Très tôt, elle a choisi de se frayer son chemin difficilement, du reste, surtout après le décès sa mère. Une disparition survenue alors que la jeune Ndeye Astou Mbaye s’apprêtait à passer son examen d’entrée en 6e. Le choc l’oblige à quitter l’école très tôt, sans décrocher son certificat d’études. La douleur de perdre la maman a eu raison d’elle. Malgré tout, elle a pu se relever et a tenté une carrière de basketteuse à l’Entente Taiba-Industries chimiques du Sénégal (Etics) de Mboro. Les difficultés se font beaucoup encore pressantes dans le milieu du sport. « J’ai décidé de suivre après une formation en couture, dès 1989, pour avoir mon atelier », a renseigné l’ancienne basketteuse. Parallèlement, Ndeye Astou Mbaye s’est investie dans la transformation de produits locaux et est devenue plus tard présidente de groupement de femmes à Tivaouane, et de l’antenne départementale de l’Alliance sénégalaise pour le consommer local, dirigée par El Djily Samb au niveau national. Elle a également à son actif plusieurs formations un peu partout au Sénégal et dans des pays de la sous-région. « Quand j’exerce un métier, je veux mettre les atouts de mon côté et avoir une meilleure maîtrise », a-t-elle précisé.
« Vert » dans le comportement
Transformatrice de fruits, légumes et céréales locales, Ndeye Astou développe aussi la production d’un article qui ne court pas les rues dans notre pays ; le charbon bio. Selon elle, c’est la coque d’arachide, la gomme arabique, le typha, entre autres ingrédients, qui entrent dans sa composition. La coque d’arachide carbonisée est malaxée avec de la gomme arabique, puis le mélange est briqueté, afin d’en faire des morceaux de charbon, destinés à nos fourneaux pour la cuisson d’aliments. Une manière pour elle de préserver l’environnement très éprouvé avec l’utilisation du charbon de bois. Cette fabrication permet aussi de créer plusieurs emplois, assure Mme Ndeye Astou Mbaye. À l’en croire, il faut plusieurs équipes pour gérer la collecte et le stockage de la coque d’arachide. La confection de charbon bio, note-t-elle, est aussi un secteur pourvoyeur d’emplois avec les volets production, distribution et commercialisation. « Il faut plusieurs équipes pour gérer le stockage de la coque d’arachide, le broyage, la carbonisation et le briquetage. L’emballage et la distribution sont aussi des activités pourvoyeuses d’emplois », a-t-elle expliqué. Cependant, pour le moment, elle n’a qu’une seule machine de briquetage obtenu grâce au service du développement communautaire de Tivaouane. À l’en croire, si l’unité était complète, elle aurait pu produire une tonne de charbon bio par jour. Hélas, avec cette machine, il faut 5 jours de travail pour obtenir une tonne.
Appui de la famille
Dans cette mission, Ndeye Astou Mbaye fait travailler sa fille Maguette Mbaye. Cette dernière assure l’essentiel du processus de production. « J’étais étudiante, mais j’ai arrêté les études. Aujourd’hui, j’aide ma mère dans la fabrication du charbon bio, depuis qu’elle a acquis la machine de briquetage », a informé Maguette Mbaye. Pour elle, trouver du travail grâce à sa maman est une opportunité.
Deux frères de Ndeye Astou Mbaye s’occupent, pour le moment, de la distribution des commandes, qui vont jusque dans la maison du Khalife général des Tidianes, où elle a une fidèle clientèle. Aujourd’hui, son objectif est de renforcer sa clientèle dans le département de Tivaouane, et au-delà, la région de Thiès, dans un premier temps, avant d’attaquer Dakar, a-t-elle fait savoir. Pour le développement de son activité, la dame à la fibre écolo compte sur les autorités étatiques, religieuses, territoriales et même les bonnes volontés pour se doter d’une unité complète de fabrication, afin d’accélérer la production et d’augmenter le nombre d’emplois.
En effet, faute de moyens et d’espace, elle s’est contentée de transformer sa cuisine en local de fabrication. Elle compte acquérir, si les moyens le lui permettent, un tricycle pour le transport des commandes dans la commune, voir le département de Tivaouane. Et pourquoi pas un véhicule pour livrer à Thiès et Dakar.
Ibrahima Ndiaye (Correspondant à Tivaouane)