Une masse d’air froid souffle sur une bonne partie du Sénégal, avec même de fines pluies par endroits. Dans le département de Podor, cette situation est perçue comme une aubaine pour les cultivateurs, particulièrement ceux de la filière oignon.
À l’image de plusieurs localités du pays, Podor n’est pas épargné par la vague de fraîcheur qui enveloppe tout le territoire national. Une situation inhabituelle qui vient imposer un nouveau port vestimentaire, en cette fin de mois de décembre. Chez les cultivateurs de Podor, cette fraîcheur est également un bon signe. Trouvé dans son champ d’oignon, Sileye Sow fait partie de ceux qui applaudissent des deux mains. « S’il y a une spéculation qui aime la fraîcheur, c’est bien l’oignon. Elle favorise la levée optimale des semis et de leur développement », renseigne-t-il. Dans la filière oignons depuis une dizaine d’années, le sieur Sow estime que c’est avec des campagnes marquées par la fraîcheur qu’il a eu ses meilleurs rendements. « Certes, nos parents ne sont pas souvent habitués à un tel phénomène, mais il n’y a pas de quoi s’inquiéter. Tant que les précipitations ne s’y invitent pas, c’est bien », tente-t-il de relativiser.
Dans cette exploitation de plus de 7 hectares, les semis entrent dans leur deuxième mois. Ces producteurs avaient anticipé la campagne, dans le but de récolter à temps. Ainsi, pourraient-ils profiter d’un marché en manque d’oignons, avec des prix à leur goût. « Cette fraîcheur est tout simplement un coup de main du Tout-Puissant. Plus ça dure, plus nos champs vont se développer », soutient pour sa part Abou Bâ.
Chef de la station météorologique de Podor, Souleymane Camara semble conforter notre interlocuteur. « S’il n’y a pas de quantité significative de pluie, il n’y aura pas d’incidents sur la présente campagne. Dans la vallée du fleuve par exemple, les gens cultivent plus l’oignon. Et vous savez que c’est une spéculation qui aime la fraîcheur », renseigne-t-il. À en croire M. Camara, cette situation pratiquement automnale s’explique par la fraîcheur extrême notée depuis quelque temps en Europe. Une situation, affirme-t-il, qui a des répercussions sur le reste du monde, notamment le continent africain. » Les masses d’air se déplacent le plus vers l’Afrique. Ce qui favorise la situation que nous vivons en ce moment au Sénégal, avec même de fines pluies par endroits », détaille-t-il. Au nord-est de Toufnde Baal, un village à cheval entre Ndioum et Halwar, se dresse Souye, vaste étendue où la culture de décrue est encore pratiquée. Ici, c’est le mil qui y est cultivé depuis des décennies. Plus de deux semaines après son premier passage, Abou Barry est revenu voir l’état de progression des semis. « Ça sort de terre et c’est déjà rassurant. Nous avons de la chance car cette fraîcheur est venue au bon moment. Cette année, les insectes et autres criquets ne seront pas au rendez-vous », se réjouit-il.
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Pour cet hivernage, le département de Podor a bien été arrosé. Une situation favorisée par les fortes inondations notées dans cette partie nord du pays. Avec le retrait des eaux, ce sont de vastes parcelles fertiles qui s’offrent aux cultivateurs. À l’image du M. Barry, Ousseynou Dioum est revenu enlever les mauvaises herbes qui ceinturent les semis. S’appuyant sur son expérience, il estime que cette masse d’air ne doit en aucun cas être une source d’inquiétude. « Nous ne sommes pas des experts, mais avons suffisamment d’expérience pour apprécier la situation qui se présente. Cette fraîcheur est une aubaine pour le mil, en pleine phase de développement », avance-t-il.
Cette vague de fraicheur pourrait même toucher l’année 2025. Et de l’avis même de Souleymane Camara, des pluies hors saison ne sont pas à écarter. « Je pense que cette situation va persister. Il est possible d’avoir cette fraîcheur jusqu’au mois de janvier. Mais nous sommes obligés, à chaque fois, de faire des mises à jour pour voir l’état de l’atmosphère », a ajouté le chef de la station météorologique de Podor.
Mamadou THIAM (Correspondant)