À Dakar, de plus en plus de crèches s’ouvrent. Beaucoup de parents, notamment les jeunes cadres de la classe moyenne ou les personnes aisées qui habitent souvent sans leurs parents, préfèrent, pour la garde de leurs enfants durant l’année scolaire, ces espaces au dé triment de la « nounou » traditionnelle.
Les crèches ont de plus en plus pignon sur rue dans la capitale sénégalaise. L’arrivée sur le marché de ces centres d’éveil réconforte, aujourd’hui, bon nombre de mères de famille actives. Elles y conduisent leurs bébés et partent au boulot le cœur tranquille. Il est 9 heures quand nous franchissons la porte d’un immeuble à Sacré cœur 3 extension. Le bâtiment est de couleur grise. Juste en face, sur l’écriteau, il est inscrit « Centre baobab baby love ». Des effigies de la bande dessinée « Dora » sont visibles sur la devanture. D’au tres images parsèment également le long du mur de l’établissement. Nous sommes chaleureusement accueillis par les maîtresses. Une d’entre elles porte sur son dos un bébé âgé d’au moins 6 mois. L’enfant vient juste d’être déposé par sa maman. D’autres sont arrivés bien plus tôt, vers 7h 15 mn. Ici, le personnel est déjà à pied d’œuvre. Une pièce dénommée « Salle de séjour » est dédiée aux plus petits avec des tapis d’éveil, des coussins et dortoirs.
La crèche compte également deux autres grandes salles comme celle qui sert à manger où l’on prépare la nourriture pour les pensionnaires et une autre réservée aux activités pour les plus âgés. Il y a toute une familiarité avec les maîtresses des lieux. À « Baby love », tout est pensé pour assurer un bon confort aux enfants. Ici, les mômes sont bien dorlotés. Chaque maîtresse a en charge trois enfants sur lesquelles elles se concentrent toute la journée. Pour rassurer davantage les parents, la directrice a également embauché une dame plus âgée, appelée Mamy par ses collègues. Celle-ci est chargée de masser les bébés et très souvent de les amener dans les districts sanitaires pour se faire vacciner. Elle n’hésite pas également à formuler des conseils aux jeunes mamans pour une bonne prise en charge de leurs enfants. Chaque jour, une vingtaine d’enfants âgés de 2 mois et demi à 3 ans sont accueillis dans cette crèche et chacun a son petit coin a lui avec son matelas et sa couverture. « Ce nombre d’enfants gardés a évolué au fil des années », note la directrice, Fatima Niang Mbodj.
À l’en croire, la structure a été ouverte en 2013 sur autorisation du ministère de la Famille et, depuis lors, elle a constaté que les parents préfèrent confier, de plus en plus, leurs mômes aux crèches au lieu de les laisser entre les mains des nounous traditionnelles dans les maisons. « Les parents expriment de plus en plus ce besoin. La preuve, dans notre crèche, l’effectif a augmenté et la demande est plus forte que l’offre », sou ligne Mme Mbodj. Elle note que, cette année, ils ont une vingtaine d’enfants à prendre en charge. Ceux-ci sont répartis en trois catégories en fonction de l’âge. Il s’agit du niveau bas qui enrôle les bébés âgés de 2 mois à 1 an, ceux du niveau intermédiaire sont âgés de 1 an à 2 ans et les enfants du niveau élevé, c’est-à-dire les plus âgés de la crèche à savoir ceux dont l’âge est compris entre 2 ans et 3 ans. Ndèye Aminata Fall, maî tresse dans l’établissement, confirme ce choix porté de plus en plus sur les crèches par les parents d’une certaine catégorie sociale à savoir des cadres de la classe moyenne ou de la haute bourgeoisie. « Le nombre élevé de bébés inscrits s’explique par le fait que les parents font de plus en plus confiance aux crèches. Ils estiment que leurs enfants seront plus en sécurité dans ces centres et bénéficieront d’une prise en charge et d’un cadre social inégalable par rapport à ce que leur offriraient les nounous traditionnelles communément appelées « bonnes » dans les mai sons », soutient Mme Fall.
Un passage obligé pour certains
À Dakar, beaucoup d’enfants passent par la crèche avant d’aller à l’école. Pour certain, ce passage est même obligatoire dans le cursus de l’enfant. « C’est une façon pour l’enfant d’être plus éveillé et de pouvoir évolué facilement une fois dans le préscolaire », témoigne Ndèye Aminata Fall. Pour cela, les parents ne lésinent pas sur les moyens pour assurer une bonne prise en charge de leurs chérubins le temps d’une journée. Les prix à la crèche, « Baby love » sont fixés en fonction de l’âge et varient entre 40.000 et 50.000 FCfa le mois, renseigne Mme Fall. Autre lieu, autre décor. À la crèche, « Chez Nanny », une structure sise à Liberté 6 ex tension. Les murs sont peints en couleurs « vert pistache ». Des effigies de bandes dessinées s’affichent également à la devanture et à l’intérieur.
Ce décor attire l’attention des visiteurs et égaye ce lieu dédié à la prise en charge des enfants du préscolaire, mais aussi les tout-petits âgés de 2 mois à 2 ans. Ces derniers fréquentent la crèche. Entre cris et pleurs, nous les avons trouvés en pleine restauration vers les coups de 13 heures. Dans une grande salle amé nagée pour ce service, chaque puéricultrice a en charge un bébé qu’elle tient entre ses mains pour l’alimenter. « Comme vous l’avez constaté, c’est l’heure du premier repas pour certains ou du deuxième pour d’autres. Nos bébés ne mangent pas tous en même temps, chacun à son rythme. Après ce repas, ils font les re changes d’habits et de couches. Il s’en suivra la sieste pour certains avant de finir par le goûter du soir », indique la responsable de la crèche, Ndèye Astou Ndiaye. À côté de cette salle, se trouve une autre pièce dédiée aux plus petits avec des tapis d’éveil, des coussins et dortoirs. Entre ces deux salles, il y a une salle de transition où l’on admet les enfants âgés entre 9 et 15 mois.
La crèche compte également une autre grande salle pour les activités des plus âgés. « C’est la garde rie » renseigne notre interlocutrice. Au total, précise-t-elle, la crèche accueille une cinquantaine d’enfants âgées de 6 mois à 24 mois, pris en charge par une dizaine de puéricultrices professionnelles diplômées d’écoles spécialisées. Certaines sont formées sur le tas au sein même de la crèche. « Pour la journée, l’heure limite est fixée à 19 heures. Concernant la scolarité, elle varie selon les services of ferts. Elle va de 45.000 à 75.000 FCfa le mois », a fait savoir Mme Ndiaye. Elle soutient que les crèches constituent désormais la nouvelle solution des parents pour la garde des enfants. Les raisons évoquées pour justifier ce choix sont diverses. Les motivations, dit-elle, varient d’un parent à un autre. « Si pour certaines mères de famille, c’est l’impossibilité de trouver quelqu’un pour garder leurs mômes à la maison, d’autres parents estiment que leurs bébés sont plus en sécurité dans ces structures qu’à la maison.
Les crèches contribuent également pour beaucoup au développement de l’enfant », explique Mme Ndiaye. Mme Diallo, venue récupérer son enfant âgé de 2 ans à la crèche « Chez Nanny », confirme ce propos. « Je préfère la crèche à la nounou traditionnelle. Je trouve que l’enfant est plus en sécurité dans cet espace », dit-elle. À son avis, la garde des enfants requiert de la vigilance, une sécurité, de l’hygiène et beaucoup d’affection. « Ces conditions ne sont pas souvent respectées par les nounous traditionnelles », renchérit-elle.
Aujourd’hui, elle se dit très satis faite par le service et le professionnalisme des crèches. Un sentiment qu’elle partage avec Makhary Samb, un autre parent qui a porté sa préférence sur la crèche. Son enfant est pensionnaire de « Baby love ». M. Samb quitte chaque matin très tôt son domicile sis au quartier Mariste, affronte les embouteillages monstrueux pour conduire son enfant âgé de 14 mois à Liberté 6, chez Nanny. Pour ce dernier, il est hors de question de confier son môme à une nounou. Il dit avoir également constaté que ces enfants qui ont fréquenté la crèche s’en sortent avec de bons résultats aussi bien au préscolaire qu’à l’élémentaire.
Par Maguette Guèye DIEDHIOU