À Yaoundé, capitale lumineuse du Cameroun, Elsa Zekeng a grandi dans un cocon façonné par l’éducation et l’exigence intellectuelle. Fille de pharmaciens, sa mère dirige une pharmacie prospère, son père a dirigé le programme national VIH avant de rejoindre l’ONU. Elle a très tôt compris que la connaissance pouvait ouvrir toutes les portes. Très jeune, elle se passionne pour le corps humain et les maladies, et développe un esprit analytique qui ne la quittera jamais.
À quinze ans, elle traverse la Manche pour poursuivre sa scolarité au Royaume-Uni, à Queen Anne’s School Caversham, un établissement exclusivement féminin. Là, elle découvre ce que ses parents voulaient lui offrir : un environnement où les filles osent, expérimentent, construisent leur leadership et s’affirment dans les sciences. Une école qui cultive la curiosité et prépare à briser les plafonds de verre.
Elsa embrasse la science avec intensité : un B.Sc. en biologie moléculaire, puis un Ph.D. en maladies infectieuses et santé mondiale à l’Université de Liverpool. Mais elle sait très vite que sa vocation ne se limite pas aux laboratoires. Elle veut agir là où chaque décision compte vraiment, là où chaque geste peut sauver des vies.
En 2015, l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest frappe. Elsa part pour la Guinée avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Pendant six semaines, elle travaille 12 à 14 heures par jour, manipulant plus de 200 échantillons. Malaria, Ebola : un combat quotidien où chaque erreur peut coûter cher. À son retour, la Médaille d’Ebola pour service en Afrique de l’Ouest, remise par la reine Elizabeth II, consacre son courage et son engagement.
Mais Elsa ne s’arrête pas là. De retour au Royaume-Uni, elle fonde SökerData, start-up qui rend les essais cliniques plus inclusifs pour les femmes et les minorités ethniques. Son credo est simple :
« Une science qui soigne tout le monde doit inclure tout le monde. »
Elle cofonde également la Northwest Biotech Initiative, pour aider les étudiants à explorer des carrières au-delà du milieu académique, et lance Solidarity in Tech, initiative en faveur de la diversité dans les STEM, avec un accent sur les communautés BAME et la neurodiversité.
Les distinctions ne manquent pas : Forbes Afrique la qualifie « d’apôtre d’une recherche médicale inclusive », elle figure parmi les 40 futurs leaders noirs de moins de 40 ans au Royaume-Uni, et la Commission européenne l’a choisie Jeune Leader en 2016. Mais Elsa reste humble. Son regard reste tourné vers l’Afrique, convaincue que le continent doit développer ses propres solutions de santé pour participer pleinement à l’avenir de la santé mondiale.
Elsa Zekeng incarne cette génération rare où science, engagement et humanité se rencontrent. De Yaoundé à Liverpool, des laboratoires aux panels internationaux, elle démontre que la recherche médicale n’est pas qu’une affaire de protocole : c’est une affaire de justice, de courage et de cœur.
« La science n’existe pas pour elle-même. Elle doit toucher des vies, réparer des injustices et ouvrir des chemins là où personne ne regardait. »
Papa Abdoulaye Sy


