À l’approche du défilé du 4 Avril, la Direction de l’Intendance des Armées est en pleine effervescence. Ce haut lieu de la logistique militaire, situé en plein cœur de Dakar-Plateau, assure l’approvisionnement en tenues, équipements et mobiliers des forces de défense et de sécurité. Immersion dans les ateliers où se prépare l’apparat militaire sénégalais.
À quelques encablures du Grand Théâtre national et du Musée des Civilisations noires, la Direction de l’Intendance des Armées joue un rôle central dans l’organisation des forces militaires. Dans ce tour d’ateliers conduit sous la direction du commandant Faye et la supervision du capitaine Mbencky, l’institution orchestre la confection des uniformes, la tapisserie, la métallurgie et la boiserie. Ici, civils et militaires travaillent de concert pour que chaque détail soit minutieusement exécuté.
Dans ces ateliers, les machines ronronnent sans relâche. C’est ici que prennent forme les tenues des Forces armées, différenciées selon les corps et les grades. L’adjudant-chef Bacar Diatta, responsable de la confection, explique : « Nous réalisons des tenues camouflées exclusivement destinées aux missionnaires et au 12 ᵉ bataillon d’infanterie d’insertion. »
L’atelier est organisé en plusieurs chaînes de production, chacune spécialisée dans une tâche bien définie. « Nous avons trois chaînes de confection, chacune composée de 22 ouvriers et équipée de 17 machines spécialisées. En une journée, nous produisons en moyenne 150 tenues », précise l’adjudant-chef. Ces uniformes, composés à 75 % de coton et 25 % de soie, garantissent confort et résistance aux soldats sur le terrain.
Les uniformes des officiers et sous-officiers, l’élégance au service de la discipline
Dans un autre atelier, dédié aux tenues des officiers et sous-officiers, la rigueur est de mise. Talla Guèye, superviseur du site, décrit l’organisation du travail : « Nous suivons un processus strict : du patronage à la coupe, en passant par la broderie et l’emballage. Chaque détail compte, du choix des couleurs aux signes distinctifs qui marquent le grade et l’appartenance à un corps ». Il explique que tout le système est maintenant digitalisé. « Les tenues de l’armée sont digitalisées ; on a les maquettes, les différentes pièces qui la composent. C’est pourquoi la coupe est rapide et precise, tout en respectant les standards internationaux », souligne-t-il. Il fait savoir que c’est le même processus qui est suivi dans la confection de tenues individuelles ou collectives.
Il précise que « pour les sous-officiers subalternes, une seule bande d’épaulette est apposée ; pour les officiers, nous avons deux cordons, pour les étoiles ; concernant les généraux de brigade nous avons deux, les généraux de division 3 étoiles et pour les généraux de corps d’armée, on a quatre étoiles ». Ici, la précision est une exigence, car ces uniformes sont portés avec fierté lors des cérémonies officielles, fait-il savoir.
Tapisserie et métallurgie
Mais l’Intendance ne se limite pas aux tenues. Dans l’atelier de tapisserie, dirigé par Souleymane Seck, se conçoivent les tentes Vip, les bâches de campagne et les équipements de protection comme les gilets pare-balles, d’éclats de balles et les casques lourds. « Nous fabriquons également les guêtres protégeant les genoux et les baudriers pour porter le drapeau lors des cérémonies », ajoute-t-il.
À quelques pas de là, dans l’atelier de métallurgie, Souleymane Gackou veille à la production de lits en fer, cuisinières, tables, chaises et autres équipements destinés aux camps militaires et écoles de formation.
Boiserie, l’artisanat au service de l’armée
Dans l’atelier de boiserie, sous la houlette d’Elhadj Matabara Diouf, un important lot de meubles prend forme : armoires, tables de chevet, caisses de rangement et mobiliers de bureau sont fabriqués avec soin. Ces pièces, destinées aux différentes structures militaires, témoignent du savoir-faire local et de l’autosuffisance de l’Intendance.
À mesure que le 4 Avril approche, le rythme s’accélère. Entre les machines qui vrombissent et les artisans qui s’activent, l’Intendance des armées veille à ce que chaque détail soit peaufiné. Une discipline de fer pour assurer un défilé irréprochable et honorer la tradition militaire sénégalaise.
Daouda DIOUF