Prise de pouvoir au G20, montée en puissance des Brics, etc. Longtemps à la périphérie de la gouvernance mondiale, les pays du « Global South » commencent à peser de leurs poids dans la marche du monde.
Avec les instruments du multilatéralisme comme les Nations unies ou les institutions de Breton Woods, les grandes décisions du monde se prenaient à Washington ou à New York, ou bien dans leurs annexes européennes. Avec la montée en puissance de la Chine, grand poids lourd du « South Global », d’autres voix ont resurgi grâce à l’influence que confère la dimension économique. Aussi, des institutions, comme l’Organisation des Nations unies, créées sur les braises de la Seconde Guerre mondiale, n’épousent plus les aspirations et ambitions, surtout des pays du « South Global » qui sentent toujours la domination du camp occidental.
Aujourd’hui, l’organisation des Brics qui, au départ, regroupait les pays qui composent son acronyme (Brésil, Russie, Inde, Chine et South Africa) exerce un tel attrait que beaucoup d’États tapent à la porte de cet attelage de Nations émergentes qui veulent imposer leur empreinte dans la géoéconomie et géopolitique mondiales. Lors de l’avant-dernier Sommet qui s’est tenu en Afrique du Sud, en août 2023, l’Iran, l’Arabie saoudite, l’Égypte, les Émirats arabes unis et l’Éthiopie ont rejoint cette structure qui compte actuellement 10 États membres. Menés par la Chine, les Brics+ se positionnent ainsi comme une alternative à la gouvernance déséquilibrée du monde longtemps dénoncée.
Depuis trois décennies, une réforme du Conseil de sécurité est exigée pour donner plus de place et de poids au pays du Sud, comme l’Afrique qui est concernée par l’essentiel des décisions prises au sein de cette instance des Nations unies. Si le plan américain pour donner plus de représentativité à l’Afrique propose deux places au Conseil de sécurité, il reste ferme sur le droit de véto qui reste limité aux cinq membres permanents. En attendant, le combat pour donner une place à l’Afrique au G20 a ainsi porté ses fruits. Le continent n’est plus au menu, mais à la table de cette instance qui regroupe les 20 économies les plus performantes au monde.
Ainsi, lors du dernier Sommet du G20, qui s’est tenu du 18 au 19 novembre derniers, à Brasilia, au Brésil, la montée en puissance du « Global South » s’est davantage sentie avec la présence remarquée du président chinois Xi Jinping et de son homologue brésilien Lula Da Silva qui ont donné de la voix pour une résolution diplomatique et non par la guerre, comme les Occidentaux le soutiennent, de plusieurs crises actuellement dans le monde dont celles russo-ukrainienne et au Moyen-Orient. D’ici le prochain Sommet du G20, qui aura lieu en Afrique du Sud, l’année prochaine, le « Global South » continuera d’imprimer sa marque dans la marche politique et économique du monde.
Dopés par des ressources énergétiques et une croissance stable, la plupart de ces pays, avec leurs économies qui ont fait de grands bonds, veulent allier puissance économique et influence politique, paradigme normal et naturel de la théorie du réalisme dans les relations internationales. Aujourd’hui, G20, les Brics+, même si leurs organisations restent informelles, sont une alternative au camp occidental. Selon les données du Fonds monétaire international, de 2001 à 2022, la part du Pib des pays des Brics dans le monde est passée de 8,4 % à 25,8 %. Au cours de la même période, la part du Groupe des Sept (G7) a chuté de 64,6 % à 42,9 %.
Toujours selon les données du Fonds monétaire international, le volume global des échanges de marchandises des Brics s’est élevé à environ 9200 milliards de dollars en 2022, soit une augmentation de 7,8 % par rapport à l’année précédente. Et le volume global des échanges de marchandises au sein des cinq pays Brics s’est chiffré à 1.140 milliards de dollars, soit une augmentation de 13,3 % par rapport à l’année précédente. C’est dire que le « Global South » qui était à la périphérie est en train de prendre sa revanche dans la marche économique et politique du monde.
Par Oumar NDIAYE