Le « Maa Sinig » (roi du Sine) a lancé, le jeudi 26 juin 2025, un vibrant appel à la préservation de la nature et à une bonne gestion des ressources naturelles. Niokhobaye Diouf intervenait, au Cices, lors de la cérémonie d’ouverture du Forum social ouest-africain.
Dakar abrite depuis le jeudi 26 juin 2025, le Forum social ouest-africain. Cette rencontre qui prend fin ce 28 juin se déroule au Centre international de commerce extérieur du Sénégal (Cices). Cette rencontre porte sur le thème : « Gouvernance des biens communs et des ressources naturelles : enjeux et défis dans un contexte de crise sécuritaire et de guerres en Afrique et dans le monde : quels mécanismes de suivi-évaluation pour un contrôle budgétaire parlementaire et citoyen ? ». Elle réunit des acteurs de la société civile, des parlementaires, des chercheurs, des communautés locales, des jeunes, des femmes et des partenaires techniques et financiers.
Chef coutumier, le « Maa Sinig » (roi du Sine), Niokhobaye Diouf a magnifié les thématiques abordées. A son avis, la question de la gestion de l’eau, des ressources naturelles et de la protection de l’environnement mérite une attention particulière. « La réflexion sur la pêche artisanale et la migration est d’une brûlante actualité, source de grandes préoccupations pour de nombreuses familles éprouvées », fait-il savoir. Partant de là, le roi du Sine a rappelé que les traditions séculaires du peuple sérère accordent à la terre et à l’eau une place centrale dans la gouvernance, la spiritualité et la vie communautaire. « Depuis le XIIIe siècle, lors de l’intronisation d’un roi, le peuple déclare : « Nous vous confions la terre et les eaux » », a-t-il souligné. Selon lui, par cette déclaration, le Sine rappelle que tout développement endogène est tributaire de la transformation judicieuse des ressources naturelles souterraines, de l’exploitation performante des potentialités de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche.
Montrant l’importance de protéger la nature, le souverain du Sine a également évoqué les liens totémiques qui lient les familles à des espèces animales et végétales, un modèle ancestral de respect de la biodiversité. « Conscients de notre interdépendance avec la nature qui dépasse de loin le productivisme primaire, notre communauté a symboliquement conçu des liens de parenté, appelés totémisme, avec les animaux. En guise d’exemple l’antilope, affublée du patronyme Diouf, mon nom de famille, se trouve rattachée à notre clan qui lui doit protection et qui, en aucun cas ne peut la tuer ni consommer sa chair. Ce devoir incombe à la famille Sène pour les lièvres et lapins, les perroquets bénéficiant de la bienveillante protection des Touré, et il en va ainsi jusqu’à la couverture de toute la faune », a-t-il martelé. Le « Maa Sinig » a ainsi appelé à s’inspirer de ces pratiques pour faire face aux enjeux contemporains liés à l’environnement.
Souleymane WANE