Plusieurs acteurs interviennent dans le processus de développement pour une meilleure décentralisation. Pour Daouda Thiandoum, aménageur, urbaniste, géomarketeur et par ailleurs secrétaire général du Club de réflexion sur l’urbain, des aspects comme le financement, la coopération décentralisée, les fonds de concours et de dotation occupent une place importante pour la transformation de nos territoires. Il a évoqué ces questions, lors d’en entretien avec le Soleil.
Dans un monde de plus en plus interconnecté, la coopération décentralisée est comme un levier essentiel, pour le développement local, favorisant une décentralisation plus accrue, avec l’éclosion de pôles territoires dynamiques et innovants. La réflexion est de Daouda Thiandoum, aménageur, géomarketeur et urbaniste, qui échangeait avec le reporter du Soleil. Il rappelle que cette collaboration, sous forme d’un partenariat bilatéral, est souvent effectuée entre les pays du Nord et du Sud. «Quand on regarde la coopération décentralisée de la France, le Sénégal est le deuxième pays, après le Mali, pour toute la coopération française. Elle a existé depuis très longtemps, et l’on parlait même de jumelage entre deux communes. Cette coopération participait au développement local, via la construction d’écoles, de postes de santé, de voiries, entre autres», explique-t-il. Pour lui, cette coopération était plus axée sur la promotion du développement local. Cependant, Daouda Thiandoum trouve que dans cette dynamique de changement de paradigme, avec l’avènement des pôles territoires, la relation devrait prendre une autre tournure. D’après lui, «nous sommes dans une phase de valorisation des ressources, et des potentialités des territoires. C’est le développement territorial qui est plus recherché, et c’est là où cela devient important, puisque la coopération devrait être en mesure de promouvoir le transfert de technologie».
Selon M. Thiandoum, les relations ne doivent plus être uniquement axées sur la formation, le renforcement de capacités, la découverte, la culture, le folklore, entre autres. La coopération décentralisée doit permettre de déclencher un véritable développement.
Financer les territoires
En-dehors de la coopération décentralisée, M. Thiandoum estime que l’on doit s’appuyer sur les potentialités, ou les ressources partagées entre plusieurs territoires, pour mettre en place des stratégies de valorisation de ces richesses, dont l’État et le secteur privé devraient ensemble poser les jalons. D’après lui, «nos territoires ne disposent pas assez de moyens, et c’est l’État qui est le noyau central, pour apporter le développement. Il laboure le terrain en investissant, entre autres, sur les routes, les aéroports, les écoles, les structures de santé, etc.», déclare-t-il.
Cependant, M. Thiandoum rappelle que le gouvernement devrait cibler certaines zones, en privilégiant les investissements primaires, à partir desquels les financements privés peuvent permettre de stimuler l’économie, prenant comme exemple le cas de Saly, pour sa vocation touristique. En outre, il a évoqué les fonds de dotation et de concours qui, pour lui, sont bien encadrés. Mais, pense Daouda Thiandoum, «il est bon d’évaluer, compte tenu du fait que la décentralisation est très ancienne, et depuis longtemps, on a continué à saupoudrer les collectivités territoriales de certains financements plus axés sur le développement local, que sur le développement territorial».
Selon M. Thiandoum, il y a une certaine nuance entre ces deux notions. Il ne s’agit pas d’amener le développement local, précise-t-il, à travers du superficiel, c’est-à-dire investir plus sur le social, en laissant en rade l’économie, qui devrait porter le social. «Il faut miser sur des projets porteurs, capables de générer des ressources dans les territoires, qui seront plus tard utilisées pour le financement social du développement», a expliqué le spécialiste. Ces stratégies qu’on devrait explorer vont permettre un meilleur impact des fonds de concours, mais également les dotations que l’État verse aux collectivités territoriales, note M. Thiandoum.
Bada MBATHIE