Les « Jambars » Sénégalais se sont illustrés, depuis l’indépendance, sur 35 théâtres d’opérations extérieures avec l’envoi de 60.000 personnes. Ils sont plus de 240 à tomber sur le champ de l’honneur. Au nom de la préservation du sanctuaire national, mais aussi de la paix et de la sécurité mondiale.
Trente-cinq théâtres d’opérations, 60.000 personnes engagées. Les Forces armées sénégalaises se sont illustrées, bien avant les « Lions » de toutes disciplines sportives confondues, aux quatre coins du monde. Avec pour seul leitmotiv la préservation de la paix et de la sécurité mondiales. Que ce soit sous la bannière des Nations Unies (Onu), de l’Union africaine (Ua) ou de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), nos « Jambars » ont donné un contenu réel aux missions de paix multiformes dans ce qui est appelé les opérations extérieures (Opex). Un engagement qui a débuté dès l’accession à l’indépendance, en 1960, avec la mise à disposition d’un Bataillon d’infanterie de la Fédération du Mali aux Nations Unies dans le cadre du maintien de l’ordre au Congo. Le but : « imposer, par sa présence, un retour à la vie normale du pays, la protection des biens et des personnes de toutes nationalités ».
L’Ordre d’opération stipulait également que le « Bataillon concrétise l’entrée de la Fédération du Mali sur la scène internationale, et il importe, avant tout, que sa tenue et sa discipline soient le reflet d’un pays fort, efficace et conscient de ses responsabilités. Il importe que les cadres et la troupe soient, avant leur départ, instruits de la raison de leur envoi au Congo, et pénétré de l’importance du rôle qu’ils ont à jouer sur le plan international ». Le Sénégal avait donc compris, dès son indépendance, l’importance de participer à la paix mondiale. Cette volonté politique, traduite en actes, guide toujours les autorités civiles et militaires. Les Opex sont aussi l’une des grandes fiertés des Forces armées. Elles motivent, à juste titre d’ailleurs, la création, en 2021, du Musée qui leur est dédié et porte le nom de l’un des plus grands chefs militaires : le général de corps d’armée Babacar Gaye. Implanté au cœur du quartier Dial-Diop, ce Musée se veut un témoignage vivant et éloquent de nos engagements extérieurs. Placé sous la houlette de l’adjudant Brigitte Coumba Diome, le Musée laisse à voir nos différents engagements.
« Le Musée a été inauguré le 8 novembre 2021 à l’occasion de la Journée des Forces armées. Il est conçu par devoir de mémoire, mais aussi pour rendre hommage aux Forces armées pour leurs engagements et pour les soldats tombés sur le champ de l’honneur », explique d’emblée l’adjudant. Le Musée comprend deux niveaux : le rez-de-chaussée qui revient sur l’engagement sous la bannière des Nations Unies et à l’étage sous bannière de l’Union africaine et les deux Accords bilatéraux que le Sénégal a entretenus avec la Gambie et la Guinée-Bissau avec l’Opération Fodé Kaba I et II et l’Opération Gabou. À pas de charge, la jeune maman, bébé porté sur le ventre, de faire la genèse des engagements. Le premier théâtre congolais de 1960 (Sinaï-1973-1976) verra le passage de trois contingents. La Force intermédiaire des Nations-Unies au Liban (Finul-1978-1984) mobilisera 12 contingents sénégalais bien avant la Tempête du Désert, encore appelé la Guerre du Golfe qui verra une participation sénégalaise de septembre 1990 à avril 1991, mais surtout la perte de 93 « Jambars » tombés sur le champ de l’honneur. Les « Jambars » s’engagent, entre 1993 et 1996, avec deux contingents à la Mission des Nations unies pour l’assistance au Rwanda (Minuar).
Ils seront des témoins oculaires du génocide de 1994, mais feront surtout plusieurs actes de bravoure qui coûteront même la vie à notre compatriote, le capitaine Mbaye Diagne, honoré par les Nations unies et dont une médaille porte le nom. L’odyssée des Forces armées se poursuivra dans les confins de la Centrafrique avec le déploiement de deux contingents, entre 1998 et 1999, pour la Mission des Nations unies pour la République Centrafricaine. La Mission des Nations unies en République démocratique du Congo (Monuc), rebaptisée en juillet 2010 Mission des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco), sera l’une des plus grandes demandeuses de troupes avec 13 contingents. À côté de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire, de 2004 à 2017, avec ses 16 contingents.
Représentants spéciaux, Commandants de forces… Une expertise sénégalaise reconnue et réclamée
L’un des plus grands contributeurs de troupe (Armée, Police, Gendarmerie) dans les opérations de paix, le Sénégal a toujours été reconnu par la qualité de ses ressources humaines et sa diplomatie performante. Aussi, il peut s’enorgueillir de quatre anciens représentants spéciaux du secrétaire général des Nations unies dans différentes régions du monde : les généraux Lamine Cissé, Babacar Gaye, le diplomate et ancien ministre Mankeur Ndiaye et l’universitaire et homme politique Abdoulaye Bathily. Aussi, il est aussi le premier pays africain à conseiller sur les questions militaires le Secrétaire général (Military adviser, Milad). Un poste occupé par deux fois par les anciens chefs d’état-major général des Armées (Cemga) Babacar Gaye et Birame Diop, actuel ministre des Forces armées (Mfa). Pour les forces déployées en opérations extérieures, le Sénégal compte sept commandants (Force commander) : Mountaga Diallo, Babacar Gaye, Papa Khalilou Fall, Abdoulaye Fall, Mamadou Kandji, Balla Keïta. Tous des généraux. Tout comme d’autres commandants adjoints de forces (Dfc, deputy force commandant)
Ibrahima Khaliloullah NDIAYE