Après le raz-de-marée électoral lors des législatives de dimanche, lui assurant environ trois quarts des sièges à l’Assemblée nationale, Pastef a désormais tous les leviers pour gouverner et mettre en œuvre son programme.
Les urgences sont pressantes et les chantiers nombreux. À commencer par le vote du budget 2025 aussitôt la nouvelle législature installée. Ce budget devrait refléter les priorités du nouveau référentiel « Sénégal 2050 » en s’attaquant à certaines préoccupations majeures de la population, notamment au coût de la vie ou encore à l’emploi des jeunes. La tâche ne sera pas facile. Dans un contexte marqué par un déficit budgétaire et une dette publique significativement plus élevés que précédemment annoncé, les marges de manœuvre du gouvernement sont limitées. En plus, souligne le Fmi, le Sénégal « continue de faire face à un environnement difficile, avec des signes de tensions accrues dans l’exécution du budget ». La nouvelle majorité devra ainsi concilier l’orthodoxie financière réclamée par le Fmi – « mettre en œuvre des mesures audacieuses et rapides pour assurer la viabilité des finances publiques et placer la dette publique sur une trajectoire décroissante » – avec les attentes sociales des Sénégalais.
Le tout en s’acquittant d’un service de la dette colossale. En effet, d’après l’économiste Ndongo Samba Sylla, le Sénégal devra payer environ 11.000 milliards de FCfa (près de 18 milliards de dollars) à ses créanciers sur la période 2024- 2029. Face au durcissement des conditions de financement sur le marché international – comme on l’a vu avec les deux eurobonds émis récemment par le Sénégal – le gouvernement n’a d’autres choix que de compter davantage sur la mobilisation de ressources intérieures. Mais là encore, c’est loin d’être une sinécure. L’économie est au ralenti et les entreprises attendent le paiement de la dette intérieure.
Cette situation difficile a été largement expliquée par le Premier ministre Ousmane Sonko, ces derniers mois, pour réclamer de la patience à la population. Mais en confirmant massivement leur choix de rupture, après avoir porté le tandem Diomaye-Sonko au pouvoir en mars dernier, les Sénégalais sont en droit d’attendre un changement rapide de leurs conditions de vie. Sonko a promis que cet espoir ne sera pas déçu. Il faut l’espérer ! En tout cas, le pouvoir « n’a plus d’excuses », disent certains électeurs. Cette écrasante majorité devrait également lui permettre d’avoir les coudées franches et de renégocier les contrats avec les multinationales, notamment celles qui sont pétrolières.
Par Seydou KA