À quelques jours du 7ᵉ Sommet Union africaine–Union européenne (UA-UE) prévu à Luanda, la Fondation Afrique-Europe (AEF) publie The State of Africa-Europe 2025 – Financing Our Future, un rapport qui appelle à refonder en profondeur la coopération financière entre les deux continents. Réalisé avec l’AUDA-NEPAD et plus de 50 institutions de recherche africaines et européennes, le document propose une feuille de route pour dépasser la logique de l’aide et instaurer un modèle de co-investissement fondé sur l’équité et l’impact mesurable.
La Fondation rappelle que l’Afrique et l’Europe représentent 1,8 milliard de citoyens et près d’un tiers des États membres de l’ONU, mais que leur potentiel de coopération financière reste largement sous-exploité. Le rapport recommande de mieux mobiliser les ressources internes, de réformer les mécanismes financiers internationaux et de tirer pleinement parti des fonds souverains et de pension africains, qui totalisent plus de 330 milliards de dollars d’actifs.
L’étude met en garde contre les 90 milliards de dollars que l’Afrique perd chaque année en flux financiers illicites, freinant le financement de secteurs cruciaux. La santé est identifiée comme un test majeur du nouveau partenariat, avec des progrès notables dans la production vaccinale régionale et l’appel à investir conjointement dans la recherche et les compétences.
Le rapport souligne également l’urgence d’accroître les investissements dans les énergies renouvelables, dont l’Afrique ne capte aujourd’hui que moins de 3 % des flux mondiaux malgré un potentiel solaire exceptionnel. La Fondation met en avant des initiatives conjointes visant à concilier industrialisation africaine, transition énergétique et diversification européenne, notamment via l’Africa-Europe Green Energy Initiative. L’économie bleue constitue un autre axe stratégique, avec la Africa-Europe Ocean Roadmap comme guide pour une gouvernance maritime durable.
Dans un contexte de tensions géopolitiques et de fragilisation du multilatéralisme, l’AEF appelle les deux continents à agir comme « force stabilisatrice » et à transformer les engagements politiques en résultats concrets. Paul Walton, directeur exécutif de l’AEF, insiste sur la nécessité « d’unir les forces » pour démontrer l’impact du partenariat « à l’échelle d’une même génération ». Mo Ibrahim, cofondateur de l’AEF, plaide de son côté pour « un nouveau pacte financier » centré sur la co-création et les résultats mesurables. Nardos Bekele-Thomas, directrice générale de l’AUDA-NEPAD, appelle à « dépasser les gains à court terme » pour engager un changement durable.
La Fondation a enfin préconisé la création d’un mécanisme permanent de réflexion UA-UE chargé de suivre les progrès entre les Sommets et de faciliter la mise en œuvre des décisions. Le rapport est publié alors que les deux Unions s’apprêtent à renouveler leur partenariat politique, 25 ans après sa création.


