À Bissau, les deux principales figures de l’opposition ont été interpellées et conduites à la base militaire aérienne, alors que le pays se remet petit à petit d’une journée de violences et d’incertitudes.
BISSAU – La tension déjà explosive en Guinée-Bissau a franchi un nouveau seuil dans l’après-midi de ce mercredi 26 novembre 2025. Quelques heures après l’annonce de la prise de pouvoir par le Haut Commandement militaire et « l’arrestation » du président sortant Umaro Sissoco Embaló, deux grandes figures de la scène politique nationale, Domingos Simões Pereira, patron du PAIGC et Fernando Días Da Costa qui tenait tête au président sortant lors de cette élection, ont été arrêtés.
Les deux hommes, adversaires directs d’Embaló, seraient désormais détenus à la base militaire aérienne de Bissau. Dans l’après-midi, plusieurs sources locales ont confirmé leur arrestation, tandis qu’une forte présence de la Garde présidentielle a été observée autour des axes stratégiques menant au Palais de la République.
Malgré ces mouvements militaires, la situation est « relativement calme » dans les rues, même si la capitale demeure sous haute surveillance militaire. Ces événements interviennent au surlendemain d’une séquence électorale particulièrement tendue.
Dimanche dernier, les électeurs étaient appelés à choisir à la fois leur président et leurs députés, dans un climat de rivalité exacerbée. Alors que les résultats officiels étaient attendus pour jeudi 27 novembre, Umaro Sissoco Embaló, comme son principal rival Fernando Días da Costa, avaient revendiqué la victoire dès mardi, accentuant le climat de confusion.
L’attaque de la CNE et l’arrestation de Días et Pereira
La journée de ce mercredi a pris une tournure encore plus dramatique lorsque la Commission nationale électorale (CNE) a été attaquée par des hommes armés non identifiés. Selon Abdourahmane Djalo, responsable de la communication de la CNE, l’attaque a visé les locaux du siège national, sans que l’ampleur des dégâts ou les intentions exactes des assaillants ne soient pour l’heure clairement établies.
Dans ce contexte chaotique, les arrestations de Simões Pereira et Días Da Costa ajoutent une nouvelle couche d’incertitude à une crise déjà profonde. Les deux opposants, considérés comme les poids lourds de la vie politique bissau-guinéenne, étaient au cœur de la bataille pour la succession au sommet de l’État.
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Car, Simões étant écarté de la course, a décidé de soutenir la candidature de Fernando Días. Leur interpellation place désormais le pays dans une situation institutionnelle totalement inédite, où les principaux protagonistes de la scène politique se retrouvent simultanément privés de liberté.
Alors que le Haut commandement militaire affirme vouloir « restaurer la normalité constitutionnelle », le pays semble plus que jamais plongé dans une zone d’ombre, où chaque heure apporte son lot de révélations et de préoccupations. Le calme relatif observé dans les rues de Bissau ne dissipe en rien la gravité du moment. La Guinée-Bissau traverse encore une crise politique complexe.
Par Gaustin DIATTA, envoyé spécial en Guinée-Bissau BISSAU


