L’ancien pilote automobile, quadruple vainqueur du rallye Paris-Dakar est revenu au Sénégal, pour une manifestation culturelle, à l’invitation de l’ambassadeur de son pays à Dakar. Cette icone qui a porté haut les couleurs de son pays est maintenant partagé entre souvenirs et perspectives.
Son nom est presqu’associé au Paris-Dakar. A quatre reprises, entre 1987 et 1991, le pilote automobile finlandais Ari Vatanen a remporté ce mythique rallye, devenu Le Dakar. Pour cette raison, il est sans aucun doute le finlandais le plus connu au Sénégal. Il a fait rayonner l’image de son pays grâce à la diplomatie sportive : « le Dakar ». Ainsi, pendant plusieurs années, il a, au-delà du lac Rose, point de chute du rallye, « marketé » le pays du Père Noël dans les campagnes les plus reculées du pays de la Téranga.
Le 14 octobre dernier, cette icône du sport mécanique était au Musée Théodore Monod de Dakar. Pas pour une exposition sur ses exploits en sports mécaniques, mais plutôt pour des raisons diplomatiques. Il y a un peu plus de trois ans, Helsinki a ouvert une représentation diplomatique à Dakar. Cet homme, qui a joué son propre rôle de pilote dans le film « Camping », était donc l’hôte de l’ambassadrice Anu Saxén qui, dans le cadre de ses activités consulaires, avait organisé une manifestation culturelle pour promouvoir son pays. Une dégustation de spécialités finlandaises suivie d’un concert. Quoi de plus normal pour le Finlandais le plus connu des Sénégalais d’être présent à cette activité.
« J’ai beaucoup de raisons de venir ici. Le Sénégal et Dakar me manquent. L’ambassadeur de la Finlande nous a invités ma femme et moi », rappelle Vatanen qui reconnait qu’il n’y a pas assez de liens entre le Sénégal et la Finlande d’où l’importance de cette nouvelle représentation diplomatique. Il précise : « j’ai tout de suite accepté l’invitation. Cette visite rallume de vieux souvenirs. Des souvenirs inoubliables. Je suis presque chez moi parce que le Sénégal et Dakar, c’est aussi et surtout une partie de ma vie. De mon existence. Pas seulement en tant que pilote d’automobile mais en tant qu’humain ».
L’année 2008 marque le dernier rallye disputé en partie en terre africaine. Un peu plus de 15 ans après, le quadruple champion est revenu sur les terres du sacre. Il souligne : « Pour moi, venir à Dakar, c’est comme rentrer chez soi. C’est comme ma maison qui me manque. C’est une joie. Être ici me rappelle tout ce que j’y ai vécu. Des moments de joie et de tristesse parce que Dakar pour moi est une épreuve après mon accident ». En 1985 Ari Vatanen a failli passer de vie à trépas. Deux ans après cet accident, il gagne pour la première fois la plus célèbre des courses automobiles. Une course qu’il va remporter à quatre reprises.
Après la délocalisation du Dakar, des férues de courses automobiles ont mis sur pied le rallye « Africa eco race ». « Je suis content que ça existe. Je pense que c’est une version un peu limitée. Pour organiser quelque chose de bien, il faut des moyens. Je ne sais pas s’ils en ont », souligne-t-il on ne peut plus nostalgique du Dakar. Il dit : « Le vrai Dakar ne doit se terminer qu’à Dakar. On ne peut pas dissocier le Dakar de Dakar ».
L’avenir c’est l’Afrique
La Finlande a ouvert, il y a moins de trois ans, une ambassade à Dakar. Pour le plus connu, au Sénégal, des Finlandais c’est une très bonne chose. Ce d’autant plus que, soutient-il, beaucoup de Finlandais ne savent pas ce qui se passe en Afrique en général et au Sénégal en particulier. « Je félicite la Finlande d’avoir ouvert une ambassade ici. Il faut être sur place pour voir ce qui se passe ici. L’avenir c’est l’Afrique et sa jeunesse. L’Europe est vieillissante. On a besoin de jeunes et l’Afrique est un continent jeune », argue-t-il. De son point de vue, c’est très important, pour son pays, d’être présent à Dakar.
Naturellement, Ari Vatanen s’attend à l’ouverture d’une ambassade du Sénégal à Helsinki. En attendant, il estime qu’il faut renforcer les échanges entre les deux pays, encourager le commerce et baisser les barrières tarifaires, faire en sorte que les deux peuples se connaissent mutuellement davantage, échanger des idées, adopter ce qui marche et rejeter ce qui ne l’est pas. « Il faut protéger l’état de droit et la démocratie », relève-t-il appréciant la politique en Afrique.
En effet Ari Vatanen n’est pas un néophyte en politique. Après les pistes cahoteuses et sablonneuses du Dakar, cet homme qui vit depuis 1990 entre Helsinki et Marseille, s’est essayé en politique. Il a, d’ailleurs, été élu député européen à deux reprises. Son premier mandat au parlement de Strasbourg date de 1999. Il a été élu sur la liste finlandaise du Kokoomus et réélu pour second et dernier mandat européen en 2004 sur la liste française de l’Union pour la majorité présidentielle (Ump). Une troisième tentative en 2009 s’annonça infructueuse. Tout comme sa course à la présidence de la fédération internationale de l’automobile. L’un de ses enfants, Max, a repris le flambeau. Comme le papa, il est pilote automobile. En attendant qu’il soit sacré un jour, il vit une bonne partie de son temps dans son vignoble dans le midi de la France.
Aly DIOUF