« C’est une révolution », a affirmé Joe Biden, mercredi, en Angola, à propos de l’investissement emblématique de son mandat en Afrique, le « Couloir de Lobito », grand axe ferroviaire et commercial censé, à terme, traverser le continent d’est en ouest. Ce chantier, destiné d’abord à faciliter l’exportation de minerais stratégiques de la République démocratique du Congo (Rdc) et de la Zambie depuis le port angolais de Lobito, respecte, selon M. Biden « les critères les plus élevés pour les ouvriers, pour l’environnement et pour les populations locales ».
« C’est parce que les États-Unis savent que de la manière dont nous investissons en Afrique est aussi importante que les montants que nous investissons », assure le président américain sortant. Joe Biden avait promis de faire un voyage officiel en Afrique. Il s’exécute in extremis avant de céder la place, le 20 janvier 2025, à son plus grand rival, le républicain Donald Trump.Le démocrate de 82 ans est apparu fatigué pendant une table ronde avec des dirigeants d’Angola, de la Zambie, de la Rdc et de la Tanzanie ; autant de pays concernés par le projet. « Imaginez l’impact que cela va avoir pour la technologie, l’énergie verte, l’agriculture, la sécurité alimentaire ! », énumère-t-il en annonçant 600 millions de dollars supplémentaires d’investissements américains dans le « Couloir de Lobito ».
Le président angolais Joao Lourenço a qualifié ce projet d’infrastructure d’ « étape cruciale », tandis que son homologue zambien, Hakainde Hichilema, a estimé qu’il ouvrait d’ « énormes opportunités ».
Le président congolais Félix Tshisekedi a, lui, déclaré que ce grand chantier était un « symbole de notre volonté collective ».Le « Couloir de Lobito », projet soutenu aussi par les Européens, doit permettre de réduire, de manière spectaculaire, le temps de transport de minerais entre la Rdc ou la Zambie et la côte qui est de 45 jours aujourd’hui par la route à 40 à 50 heures par train. Un haut responsable américain s’est dit persuadé que Donald Trump soutiendra ce projet. « Vous ne pouvez pas prétendre être en compétition avec la Chine et ne pas soutenir ce qui se passe ici », a-t-il dit. Maintenant, pour faire du « Couloir de Lobito » un réel succès, les États-Unis devront coopérer avec la Chine. Cette dernière domine le secteur minier en Rdc et en Zambie, d’après Mvemba Phezo Dizolele, expert au Centre d’études stratégiques et internationales, un institut de recherches basé à Washington. Alors que la Chine a déjà investi des montants pharaoniques, Washington assure proposer des initiatives plus ciblées et plus respectueuses des intérêts des pays africains, là où Pékin est accusé de les accabler avec des créances impossibles à honorer.
JOHANN SCHMONSEES, PORTE-PAROLE FRANCOPHONE DU DÉPARTEMENT D’ÉTAT
« Notre approche consiste à investir en Afrique et à rivaliser avec la Chine dans des secteurs clés »