Calme remarquable, affluence dans les bureaux de vote et circulation rigoureusement filtrée. Bissau, la capitale bissau-guinéenne, a vécu ce dimanche 23 novembre une ouverture de scrutin fluide et maîtrisée. Candidats à la présidentielle, responsables institutionnels et électeurs de tous âges ont accompli leur devoir civique dès les premières heures, sous l’œil vigilant des observateurs internationaux.
De notre envoyé spécial en Guinée-Bissau, Gaustin DIATTA
BISSAU – Aux premières lueurs du jour, Bissau s’est réveillée dans une atmosphère singulière, empreinte de calme et de solennité. Dans les rues du centre-ville, seules quelques motos et véhicules arborant le précieux document “Livre de Transitò”, délivré par le ministère de l’Intérieur via la Commission nationale électorale (CNE), étaient autorisés à circuler librement. Les autres axes étaient méticuleusement filtrés, donnant à la capitale un visage inhabituellement silencieux mais résolument discipliné.
Cette tranquillité matinale n’a pourtant pas freiné la participation. Bien au contraire. Devant plusieurs centres de vote, des files se sont formées dès l’ouverture officielle des bureaux à 7 h. À l’ombre des manguiers, des électeurs patientent, carte d’électeur en main, pour accomplir un geste historique.
Dans ce dispositif, les différents candidats à la présidentielle ont, eux aussi, rempli leur devoir civique. Le président sortant et candidat à sa réélection, Umaro Sissoco Embaló, a ouvert la marche en votant à Gabú, à 9 h précises. Quelques instants plus tard, il salue « le bon déroulement des opérations et la sérénité entourant le scrutin ». Le Premier ministre Braima Camará a voté à 10 h au siège de l’UDIB, tandis que Hadja Satu Camará, deuxième vice-présidente de l’Assemblée nationale populaire, a glissé son bulletin à Wane, près de Bubacar, également à 9 h.
À Calequisse, dans le nord du pays, l’ancien président José Mário Vaz, candidat à la présidentielle, a voté à 9 h, avant que João Bernardo Vieira ne fasse de même à Quinhamel, à 9 h 30. Parmi les principaux challengers, Fernando Dias da Costa a voté à Mansoa à midi, à 55 km de Bissau, et Mamadu Iaia Djaló à Gabú à la même heure. À Caió, Mário Silva Júnior a voté à 10 h, tout comme Baciro Djá, ancien Premier ministre. À Bissau, enfin, le président du PAIGC et de la Plateforme inclusive PAI-Terra Ranka, Domingos Simões Pereira, a voté à 9 h dans le quartier de Luanda, près de son domicile.
Un climat apaisé et serein dans la ville
Dans la capitale, l’ambiance est à la fois sérieuse et apaisée. Devant un centre de vote non loin du ministère de l’Intérieur et de l’avenue menant au Palais présidentiel, le jeune électeur Orlindo Goya savourait sa première participation. « Je suis venu voter le candidat de mon choix. C’est ma première expérience. Je suis séduit par le calme et la tranquillité qui règnent dans la capitale », confie-t-il dans un français soigneux.
Après avoir séjourné à Grand-Yoff, à Dakar, il rêve de voir la Guinée-Bissau adopter un système démocratique aussi efficace. « Chez vous, au Sénégal, dès le soir, on sait déjà qui a gagné. Il faut qu’on arrive à implémenter ce même système ici », soutient-il.
Le satisfecit de Goodluck Jonathan
Sur le terrain, les observateurs internationaux effectuent leurs premières tournées. L’ancien président nigérian Goodluck Jonathan, à la tête de la mission d’observation électorale de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), s’est montré particulièrement optimiste.
« Ce que je suis en train de voir ce matin (dimanche 23) est très encourageant. Les bureaux de vote ont ouvert à 7 h comme prévu. Le processus se déroule très bien et c’est le peuple bissau-guinéen qui sortira vainqueur », déclare l’ancien président de la République du Nigéria. Avant de poursuivre : « À mon humble avis, ce processus est transparent. Ma première impression, c’est que nous allons avoir de très bonnes élections qui seront couronnées de succès. »
Alors que le soleil monte progressivement au-dessus de la baie de Bissau, la capitale offre le visage rare d’une cité à la fois mobilisée et maîtrisée. Un début de journée qui nourrit l’espoir d’un scrutin exemplaire, conforme aux aspirations d’un peuple avide de stabilité et de progrès démocratique.

