Depuis le début de la présidence de Barack Obama, en 2008, la politique étrangère américaine a été marquée par la constance de la rivalité ou dualité avec la Chine. Cela s’est poursuivi avec les présidences suivantes de Donald Trump et de Joe Biden. La permanence des conflits commerciaux entre les États-Unis et la Chine ainsi que la cadence rythmée des différends de plusieurs ordres entre ces deux pays montrent que cette décennie à venir sera menée et marquée par des évènements liés à la dualité et la rivalité entre les deux puissances. Ces compétitions et confrontations résultent du pivot opéré par les États-Unis sous Obama avec un focus sur l’Asie-Pacifique et principalement la Chine.
Cela est bien expliqué par l’ancien secrétaire d’État adjoint Kurt Michael Campbell dans son ouvrage « The Pivot : the Future of American statecraft in Asia » (Le Pivot : l’avenir de la politique américaine en Asie), paru en 2016. « Avec des sensibilités profondément influencées par les réalités stratégiques du XXIe siècle, les États-Unis ont mené un « Pivot » (ou un « rééquilibrage » comme beaucoup le préfèrent) de la diplomatie américaine vers les tâches nuancées, mais exigeantes de l’engagement dans une Asie en plein essor. Le Pivot repose sur l’idée que la région Asie-Pacifique définit non seulement la puissance croissante et le commerce mondiaux, mais accueille aussi favorablement le leadership américain et récompense l’engagement américain par des retours positifs sur les investissements politiques, économiques et militaires », écrit-il. Kurt Michael Campbell n’a pas manqué d’expliquer qu’il ne s’agit pas d’une tentative de contenir la Chine, mais les dynamiques de coopération entre les États-Unis et certains pays de l’Asie-Pacifique montrent le contraire.
Ce n’est pas seulement dans cette zone que la course à la coopération fait rage entre la Chine et les États-Unis. En Afrique aussi, ces deux puissances globales essaient d’y exporter leur compétition et confrontation. En retard et en retrait sur le continent durant les quatre ans du mandat de Donald Trump, les États-Unis font un « comeback » qui ne sera pas facile. En avance sur tous ses concurrents dans le continent noir, la Chine est devenue le premier partenaire commercial de beaucoup de pays d’Afrique. En plus d’y développer une diplomatie des infrastructures et aussi du chéquier, elle a réussi à placer l’Afrique dans le jeu mondial en s’intéressant davantage à ses ressources naturelles et en étant celle qui porte le plaidoyer du continent dans les instances internationales. La réussite du dernier Sommet du Forum de coopération sino-africaine, qui s’est déroulée en septembre dernier, à Beijing, est illustrative et indicative de la santé de la relation entre l’Afrique et la Chine qui ne se porte pas mal malgré quelques convulsions. Pendant ce temps, même s’ils ont organisé, en décembre 2022, un sommet avec des dirigeants africains à Washington, il sera difficile pour les États-Unis de résorber ou de réduire leur retard face à la Chine dans leur compétition ou confrontation en Afrique.
La visite du président Joe Biden, en fin de mandant, en Angola, depuis hier, son seul et unique déplacement en Afrique durant toute sa présidence, n’est pas loin de rappeler le mépris et le déni envers le continent dans la politique extérieure américaine de son prédécesseur et successeur Donald Trump. Même s’il est clair que la coopération entre l’Afrique et la Chine n’est pas exempte de reproches, elle est bien contée et les deux parties y trouvent leurs comptes…
Par Oumar NDIAYE