De la Côte d’Ivoire au Cameroun, en passant par la Guinée et la Guinée Bissau, pour le dernier trimestre de cette année 2025, tous ces pays vont être au rythme d’élections présidentielles. Moment charnier dans la vie politique d’un pays, l’élection surtout celle présidentielle est une respiration démocratique permettant une oxygénation et offre un nouveau souffle à la marche des pays concernés. Il se trouve que depuis quelques années en Afrique, l’élection qui devait être une normalité et relevait d’une banalité est le point de départ de crises politiques et institutionnelles qui vont même jusqu’à menacer la stabilité des pays concernés.
L’instabilité politique a ainsi changé de fusil d’épaule pour venir des élections et non des armes. Les bruits de bottes militaires ont été remplacés par des contestations pré et post-électorales qui peuvent déboucher sur des périodes d’instabilité. Les violences pré et post-électorales sont aujourd’hui d’une telle récurrence et permanence qu’elles apportent des situations difficiles.
Si en Guinée, l’élection présidentielle prévue en fin décembre est censée mettre fin à la transition militaire, elle soulève néanmoins quelques appréhensions et incompréhensions. Le chef de la junte militaire, contrairement à ce qui était attendu, a été autorisé avec la nouvelle Constitution à avoir le droit de se présenter comme candidat à l’élection présidentielle. Ce qui va certainement lui ouvrir un boulevard pour continuer à rester à la tête du pays, avec cette fois un autre costume ou boubou traditionnel que le treillis militaire. Au même moment, beaucoup d’acteurs politiques guinéens comme les anciens Premier ministre Cellou Dalein Diallo ou Sidya Touré risquent d’être écartés du scrutin. En Guinée Bissau voisine, le président Umaru Sissoko Emballo, candidat à un second mandat, qui vient de perdre la majorité à l’Assemblée nationale risque d’être confronté aux grognes fréquentes d’une partie de l’opposition, surtout venant du Paigc.
Sujet à des crises politiques incessantes, ce pays, avec l’aide de la Cedeao avait amorcé depuis quelques années un tournant de normalisation démocratique, mais avec la prochaine élection, il présente des risques de rechute. Pour ce qui est du Cameroun et de la Côte d’Ivoire, c’est sans doute la longévité au pouvoir des présidents sortants, candidats à leurs réélections qui va focaliser les attentions et préoccupations. Paul Biya, à la tête du Cameroun depuis 1982 se présente ainsi pour un huitième mandat présidentiel après 43 ans au pouvoir. Au-delà de cette longévité qui est loin d’être une incongruité, la présidentielle camerounaise de dimanche prochain, 12 octobre a été aussi marqué dans des polémiques pré-électorales sur la non-participation du candidat qui était considéré comme le plus sérieux challenger du président Biya.
Maurice Kamto, arrivé deuxième à la dernière présidentielle de 2018 avec 14 % des voix, a vu sa candidature rejetée par le Conseil Constitutionnel pour raison du dépôt par un candidat d’un dossier sous la même étiquette de sa coalition politique, le Manidem. Même situation aussi en Côte d’Ivoire avec le président sortant Alassane Ouattara qui brigue un quatrième mandat. Ainsi il ne fera pas face à l’ancien président Laurent Gbgabo et Tidjane Thiam, candidat désigné du Pdci, tous recalés par la justice ivoirienne. Il est aujourd’hui important pour ces pays, qui presque tous font face au défi sécuritaire de plus en plus pressant et prégnant, (et dont certains comme la Côte d’Ivoire qui a connu les affres de deux crises politico-sécuritaire avec des balafres dans le tissu social), de faire en sorte de conjurer les crises pré et post-électorales et que les élections soient des moments de respiration démocratique et de points de départ d’une stabilité politique et sécuritaire.
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