Le débat autour de la loi d’amnistie n° 2024-09 du 13 mars 2024 continue d’agiter la scène politique sénégalaise. Dans un communiqué de presse, le Mouvement national des cadres patriotes (Moncap) a pris position en apportant son soutien à la proposition de loi interprétative portée par le Groupe parlementaire Pastef en vue d’éviter que la loi d’amnistie ne serve d’outil d’impunité pour les crimes graves commis entre 2021 et 2024.
Selon le Moncap la loi d’amnistie adoptée en mars dernier présente des lacunes qui pourraient profiter aux auteurs de violences ayant marqué le Sénégal ces dernières années.
Le mouvement dénonce une confusion juridique qui, sous couvert de réconciliation nationale, risquerait d’englober des actes considérés comme des « crimes de sang ».
« Plus de soixante-cinq Sénégalais ont été tués par balles réelles entre 2021 et 2024 sans qu’aucune enquête sérieuse n’ait été menée », rappelle l’entité politique. Outre ces décès, elle évoque également de nombreux cas de mutilations et de traumatismes subis par des manifestants.
La proposition de loi interprétative déposée par le groupe parlementaire Pastef vise à préciser que les crimes les plus graves ne peuvent être amnistiés. Cependant, elle se heurte à l’opposition d’une partie des parlementaires, que le Moncap accuse de vouloir protéger ceux qui ont ordonné et exécuté la répression des manifestations.
Le mouvement pointe du doigt la responsabilité des forces de l’ordre et de « milices privées » qui auraient participé à la répression sous l’ancien régime. Il s’insurge contre une loi votée « dans l’opacité » et sans consultation des familles des victimes.
Appel à la justice et à la vérité
Pour le Moncap, clarifier la portée de la loi d’amnistie est une nécessité pour éviter l’enracinement d’une culture d’impunité.« Il ne peut y avoir de paix durable sans justice », affirme le communiqué du mouvement, qui en appelle aux députés soucieux de l’État de droit pour soutenir la proposition de loi interprétative.
L’issue de ce débat parlementaire s’annonce déterminante pour l’avenir de la réconciliation nationale au Sénégal. Reste à voir si les arguments du Moncap et du groupe parlementaire Pastef trouveront un écho favorable au sein de l’Assemblée nationale.
S. G