Mme Aoua Bocar Ly Tall-Samba Ndiaye. Ce binôme a été dernièrement victime d’un bashing sur les réseaux sociaux par les militants de Pastef, formation politique présidant aux destinées du Sénégal. Disposant du pouvoir présidentiel, donc de nomination aux emplois civils et militaires, et législatif, l’initiative de la loi, le Pastef peut dérouler. Et entend bien le faire contre vents et marées. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les Sénégalais ont mis la formation politique d’Ousmane Sonko à l’aise pour apporter les ruptures tant annoncées pendant qu’elle était dans l’opposition.
Il n’est qu’à constater le rythme effréné de nomination de militants, membres et sympathisants Pastef au lendemain de leur victoire à la dernière présidentielle. La faute du couple Aoua Bocar Ly Tall et Samba Ndiaye est d’avoir bénéficié d’un décret de nomination du chef de l’État. Mais surtout d’avoir flirté, dans un passé récent, avec l’ancien parti au pouvoir, l’Alliance pour la République (Apr) ou d’avoir été dans la coalition présidentielle « Benno Bokk Yaakaar ».
Il est vrai que la moralisation attendue et prônée par les tenants actuels du pouvoir actuel semble avoir été freinée par nombre de ralliements d’anciens dignitaires de « Benno » au parti de Sonko. D’où l’incompréhension de certains de voir la sentence tomber sur ces deux-là. Certainement que les attaques dont avait été victime le Pastef ont été dures. Il n’en demeure pas moins que d’autres ont pilonné avec plus d’intensité le parti Pastef et son leader.
Aussi, il est regrettable que, sous nos cieux, la politique ne rime pas toujours avec vertu et que nombreux sont ceux qui sont susceptibles de changer de cap au gré des nominations et avantages qu’ils peuvent décrocher. L’idéal serait que toute nomination soit acceptée conformément à ses convictions politiques. Ce débat fort intéressant des militants de Pastef remet sur la table un certain nombre de questions sur le système démocratique et la nécessité de servir la Nation pour le développement et les objectifs souhaités.
Si l’on s’en réfère aux propos de Jean Dutourd, la démocratie reste encore le meilleur système : « la démocratie est un régime exécrable, mais je n’en connais pas de meilleur ». Cette démocratie qui a permis l’arrivée des Patriotes aux pouvoirs, qui n’est pas à lire comme « la loi de la majorité, mais la protection de la minorité », selon l’expression d’Albert Camus. Ainsi, nous pouvons bien comprendre cette démocratie comme cette possibilité offerte à la minorité de s’exprimer et de respirer.
Autrement dit, il s’agira pour les militants d’accepter toute nomination du chef même si elle peut heurter des militants qui pensent avoir mené le combat de la victoire. D’autant plus que l’effet recherché est de mettre l’homme qu’il faut à la place. Encore que tous ceux qui ont voté pour leur candidat ne sont pas des militants. Même si l’appel à candidatures n’est pas encore de mise pour pourvoir aux postes, il n’en demeure pas moins l’emploi des militants ou non devrait relever de leur seule compétence à remplir la fonction choisie.
Certains regrettent déjà que pour de nombreuses personnes le premier emploi soit un poste de responsabilité. Ainsi, en considérant que le président Diomaye Faye est le président de tous les Sénégalais et le gouvernement dédié à répondre aux attentes de toutes les populations, les militants doivent méditer sur le fait que « la démocratie moderne est un idéal d’égalité, un idéal de liberté, un idéal de fraternité », comme le conçoit Alain Pintus. Réputé comme une démocratie majeure, le Sénégal ne peut se permettre ce débat centré sur des personnes, mais plutôt sur les urgences. Et œuvrer à consolider son système avec tout Sénégalais susceptible d’apporter sa contribution où qu’il soit.
La tâche ne sera pas facile et certainement les nouveaux dirigeants font leur cette compréhension d’Abraham Lincoln : « De même que je ne voudrais pas être un esclave, je ne voudrais pas être un maître. Telle est ma conception de la démocratie ».
J’en appelle, à l’instar d’un autre président américain, Barack Obama, à une « démocratie robuste et fonctionnelle (qui) a besoin d’un électorat sain, éduqué et participatif, et d’un leadership éduqué et respectueux de la morale. »
Par Ibrahima Khaliloullah NDIAYE